« Coups de sang »

« Coups de sang »

« Si vraiment c’est un dieu qui a créé ce cloaque d’horreur et de désespoir avec la mort au bout, alors c’est un tel salaud qu’il vaut mieux qu’il n’y en ait pas. »
Cavanna
22 février 1923-29 janvier 2014

La chasse aux Bambis
« Expliquez-moi comment, par quel subit et violent retournement, le petit enfant devient chasseur, amateur de corridas ou de combats de coqs. […] À quel moment le cher gros vieux nounours, l’adorable bambi, l’espiègle Jeannot Lapin, devient-il gibier, cible, “pièce” ensanglantée pour photographie de groupe devant le tableau de chasse artistement arrangé sur la pelouse ? »

Foie gras
« Donc, vous savez. Et ça ne vous gêne pas. […] Vous avez bien de la chance, en vérité. Bien de la chance d’être un salaud. Un innocent salaud de brave type normal. […] Pour un raffinement gastronomique, pour un plaisir un rien plus subtil sur le bout de la langue, ils vouent la vie d’un être vivant à une abominable torture. […] Une vie entière […] à transformer un être vivant en une machine à faire du foie […] malade, du foie noyé de graisse malsaine, du foie d’alcoolo. […] Merde, ceci justifie-t-il cela ? »

Quelque part en Seine-et-Marne
« L’homme est cet être vertical et bienveillant qui, deux fois par jour, depuis leur sortie de l’œuf, leur apporte le bon grain et l’onctueuse pâtée. Lâchés dans ces grands bois hostiles, les faisans ressentent tout d’abord un terrible sentiment d’abandon. Ils ont peur, ils ont faim, ils ne savent pas trop comment se débrouiller tout seuls. Heureusement, bientôt ils sentent la présence de l’homme, quelque part, pas très loin. L’être vertical et bienveillant est là, il va résoudre tous les problèmes, courons à lui. Ils y courent, ils y volent. L’être vertical et bienveillant est effectivement là, et aussi son chien, et aussi son fusil… […] Je parierais que quand un chasseur crève d’un coup de fusil reçu en pleine gueule par accident, sa maman pleure. L’homme m’émerveillera toujours.  »

Frères en souffrance
En ce moment même, on torture à tour de bras, en des milliers de lieux clos de par le monde. On torture pour mettre au point des cosmétiques, pour tester des médicaments, ou à titre de démonstration pédagogique… […] Il faut que cesse l’orgie sanglante. »

Vous qui aimez…
« Vous qui aimez la mort, vous qui vous repaissez du spectacle de la mort “esthète”, je vous hais. Le sang vous dégouline des babines, vous êtes hideux et con. Je vous hais.
Je rêve d’être au beau milieu d’une de vos arènes, à plat ventre derrière une mitrailleuse lourde, et de crever bien à l’aise vos paillasses pleines de merde et de fantasmes cradingues, de faire gicler la pourriture et la tripaille… Et puis je me secoue, je me rappelle que je ne sais même pas sur quel machin il faut appuyer pour faire cracher une mitrailleuse, et je me dis […] qu’on me traînerait par les pieds, la gueule dans le sable, et que vous gueuleriez impatiemment  “Toro ! Toro !”… Et bon, vous avez gagné. Les cons gagnent toujours. Ils sont trop. »

Merci, François…