Des braconniers et des politiciens

Des braconniers et des politiciens

La Convention Vie et Nature dénonce l’absence de répression du braconnage des ortolans et autres passereaux dans le département des Landes, chaque fin d’été, à l’aide de pièges-cages, dits « matoles ». L’ortolan, le pinson et plus généralement les petits passereaux sont intégralement protégés. Leur destruction constitue un délit correctionnel.

Quelque deux ou trois cents braconniers tuent ces petits oiseaux, par ailleurs menacés de disparition, dans certains cantons du département des Landes. L’an passé, le préfet prit un arrêté interdisant le département à un groupe d’amis des oiseaux qui souhaitait faire verbaliser les chasseurs par les services de gendarmerie. L’arrêté scélérat fut annulé par le tribunal administratif, mais ce fait marque la volonté des pouvoirs publics de couvrir le braconnage et de sacrifier la nature aux arriérations d’une poignée de chasseurs. Cette année encore, notre ami Allain Bougrain Dubourg et la LPO, Ligue pour la protection des oiseaux, firent constater les infractions, ce qui valut un dénigrement du président du conseil général des Landes, politicien connu pour ses faiblesses envers la chasse et la corrida, c’est-à-dire pour la cruauté.

Vendredi 5 septembre 2014, deux couples de Girondins, plutôt protecteurs de la nature mais nullement adhérents à une association, visitant les Landes, voulurent voir les installations de piégeages, sans aucune autre intention. Sur le territoire de la commune de Meilhan, canton de Tartas, ils furent attaqués par un commando d’une vingtaine de chasseurs qui crevèrent les pneus de leur voiture et les poursuivirent alors qu’ils tentaient de fuir malgré cette dégradation de leur véhicule. Bloqués, après quelques kilomètres, par un tracteur en travers de leur route, ils furent menacés de mort avec un marteau et leur voiture fut mise hors d’usage par le commando qui les avait poursuivis. Ils furent secourus par les gendarmes de Tartas appelés par ces victimes grâce à leurs téléphones portables.

Face à ces procédés de voyous, à cette violence brutale, le président du conseil général des Landes, dont l’Histoire fera bien d’oublier le nom, fustige, non pas les agresseurs, mais notre ami, le président de la LPO, qui avait fait verbaliser le braconnage une semaine auparavant. En fait, les pouvoirs publics ne font rien pour mettre un terme au piégeage des petits oiseaux dans ce secteur, à l’instar de ce que fit l’État, dans un passé récent, à l’encontre des tueurs de tourterelles en mai, dans le Médoc.

En France, il suffit que deux cents demeurés exigent de tuer aux gluaux, aux lacets, aux lecques, à la matole, aux filets pour qu’un politicien local se sente obligé de relayer cette revendication contre nature. Et l’État laisse faire!
Gérard Charollois
Président
CVN