Parlement européen : on demande la démocratie

Parlement européen  : on demande la démocratie

Plus de 11,5 millions d’animaux sont sacrifiés chaque année en Europe, dont près de 2 millions en France.

Singes, souris, chiens, chats, poissons, chevaux… subissent des expériences infiniment douloureuses, dans le silence des labos, alors qu’aucune espèce animale ne peut être un modèle biologique pour une autre. Déposée en mars 2012, validée par l’Union européenne trois mois plus tard, l’ICE, initiative citoyenne européeenne, Stop Vivisection a été lancée par un groupe d’associations. Elle était soutenue par Antidote Europe, créée par des chercheurs pour promouvoir une recherche moderne au service de la santé humaine. L’ICE avait pour objectif l’abrogation de la directive 2010/63/UE, adoptée par le Parlement européen le 22 septembre 2010, et, partant, la présentation d’une nouvelle directive qui mettrait fin à l’expérimentation animale et rendrait obligatoires des méthodes substitutives non animales.

L’ICE Stop Vivisection devait réunir 1 million de signatures au 31 octobre 2013. 1 173 131 furent remises au Parlement. C’est une des trois ICE à avoir atteint, et même dépassé, le million. Important : l’ICE, instrument de démocratie participative, n’est pas une pétition, c’est bien plus. Il est fait obligation à la Commission européenne, trois mois après le dépôt des signatures, d’organiser une audition publique avec les protagonistes de l’ICE. Mais ce n’est que le 11 mai 2015, à Bruxelles, que Stop Vivisection fut entendue. Et là, surprise : la Commission européenne a ignoré les arguments scientifiques et méprisé les citoyens qui se sont investis durant trois années dans cette campagne. Aucune des dix requêtes de l’initiative n’a été acceptée.

Le 28 octobre 2016, André Ménache, directeur d’Antidote Europe et représentant de Stop Vivisection (stopvivisection.eu), a déposé, et ce fut une première, une plainte auprès du médiateur européen. Le 18 avril dernier (six mois plus tard…), réponse. La plainte a été refusée par Emily O’Reilly, médiatrice : « La Commission souligne que, pour le moment, l’expérimentation animale demeure importante pour la protection de la santé humaine et animale et pour le maintien d’un environnement intact. Tandis qu’on travaille en vue de l’objectif final de la substitution totale des animaux, la directive 2010/63/UE est un outil indispensable au niveau européen pour protéger les animaux qui sont encore nécessaires. » Pour Antidote Europe : « De telles déclarations sont une insulte à l’intelligence de tout citoyen européen informé sur ce qui se passe vraiment dans les laboratoires d’expérimentation animale. […] L’objectif principal de Stop Vivisection a été de mettre en évidence les dommages catastrophiques à la santé humaine et à l’environnement que peuvent entraîner la recherche et l’expérimentation animales. La faible réponse de la Commission européenne et à présent le rejet du Médiateur européen illustrent la nécessité de porter le débat à un autre niveau, par exemple, celui d’une enquête parlementaire ou autres démarches juridiques. […] »

À quoi sert qu’existe, et c’est une bonne chose, une initiative citoyenne européenne, sinon à ce que s’exprime la démocratie dans le si légitime Parlement européen ? La directive de 2010 doit être officiellement examinée cette année. So long, l’ICE…
Luce Lapin