Labos : pitié pour le « matériel » !

Labos : pitié pour le « matériel » !

Comme j’ai l’occasion de le dire chaque fois que j’aborde le sujet, en expérimentation animale, on teste, en plus de tout ce qui a trait à la médecine, tout sur tout.

Sont testés les cosmétiques (malgré l’interdiction), les lessives, les produits ménagers, d’hygiène, etc., sur les chiens, les chats, les poissons, les rats, les grenouilles, les hamsters, les chevaux, les primates1, les souris – baptisées, quel cynisme, « stars des labos » par les chercheurs, les cochons – pour eux, c’est l’abattoir ou l’expérimentation. Mais jamais je n’aurais pensé que vos céréales, bourrées de sucres rapides (en passant, les complètes sont meilleures pour la santé), avaient fait souffrir autant de rongeurs. Je mets le verbe au passé, car un terme vient d’être mis à ces horreurs. Mais au bout de quelles souffrances… Explications du docteur vétérinaire André Ménache, conseiller scientifique d’Antidote Europe2 :
« Grâce à une campagne de longue haleine de Peta, Pour une éthique dans le traitement des animaux , aux États-Unis, la Kellogg Company (le plus grand fabricant de céréales au monde) vient d’adopter une nouvelle politique mettant fin officiellement à ses tests, cruels et mortels, sur des animaux. Kellogg les poursuivait depuis 1954, dans le but de démontrer un prétendu effet bénéfique sur la santé humaine pour ses produits alimentaires et ses ingrédients.
Peta a contacté Kellogg pour la première fois en 2007, appelant la société alimentaire mondiale, dotée de plusieurs milliards de dollars, à cesser de tester les ingrédients alimentaires sur les animaux. De 1995 à 2016, Kellogg a conduit, financé et/ou fourni du matériel à des expériences utilisant 1 213 rats et 60 hamsters. Dans l’un de ces tests, les expérimentateurs ont affamé des rats pendant deux jours, leur ont coupé la moitié de l’intestin grêle, les ont nourris avec des acides gras, les ont gavés de force ou leur ont injecté des substances, puis les ont tués et disséqués. »

Interdit mais permis

Tester les cosmétiques sur des animaux n’est plus autorisé en Europe depuis 2013. Mais cela ne correspond pas à la réalité, comme nous l’explique le Dr André Ménache :
« La loi européenne impose pas moins de onze essais de toxicité pour autoriser la commercialisation de produits cosmétiques. Seuls quatre essais sans recours à l’expérimentation animale sont disponibles. Donc, notre question est : les animaux sont-ils utilisés dans les sept autres essais ? Les fabricants de cosmétiques exploitent des lacunes terminologiques pour obtenir les données manquantes requises. La plupart des substances entrant dans la composition de produits cosmétiques sont des substances chimiques industrielles (lesquelles, en conformité avec le règlement REACH3, sont normalement toutes testées sur des animaux). Ainsi, ces substances entrant dans deux catégories d’utilisation (cosmétique et industrielle) peuvent toujours être testées sur des animaux. En réalité, l’industrie cosmétique pratique des essais sur des animaux sous couvert d’une autre législation. » Et voilà, le tour est joué ! Que faire ? Agir au niveau de l’Europe afin de faire modifier la directive 2010/63/UE du Parlement européen. Ça tombe bien : les européennes, c’est d’actualité !
L’expérimentation animale tue quelque 2 millions d’animaux par an en France, environ 11,5 millions pour l’Europe.
Marques ne testant pas sur des animaux : animaltesting.fr/2018/04/28/guide-cosmetiques-cruelty-free
Luce Lapin
8 avril

1. L’expérimentation sur les grands singes est interdite.
2. À lire sur le site d’Antidote Europe : « Pourquoi l’animal n’est pas le modèle biologique de l’homme », « Les méthodes alternatives à la recherche animale», « Dix mensonges sur l’expérimentation animale »…
3. REACH, Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals, est le règlement européen pour l’enRegistrement, l’Evaluation, l’Autorisation et la restriction des substances CHimiques.