Abattoirs : ça bouge…

Abattoirs : ça bouge…

Le 15 avril 2019 est paru le décret relatif à l’expérimentation des abattoirs mobiles, pour une période de quatre ans. Précisions avec Frédéric Freund, directeur de l’OABA, Œuvre d’assistance aux animaux d’abattoirs.

À quand l’application du décret ?
Rien n’est fait ! À ce jour, un seul projet est bien avancé et concerne les bovins en Bourgogne. D’autres projets existent notamment en Normandie pour les ovins-caprins et porcins, mais rien de concret à ce jour. Il ne faut pas perdre de vue que ces abattoirs mobiles sont avant tout des abattoirs et qu’ils doivent respecter toutes les contraintes liées à l’environnement, au sanitaire et bien évidemment à la protection animale. Le dispositif mobile (un camion avec deux unités : l’une pour l’abattage, l’autre pour le traitement de la carcasse) coûte cher. Et il faut s’assurer, à défaut d’être rentable, que le système sera amorti sur une durée assez courte. La viabilité économique est sans doute le principal obstacle à ces dispositifs mobiles.

Quels sont les problèmes sous-jacents ?
Certains ont imaginé un système de « caisson » d’abattage qui ne ferait qu’abattre l’animal. La carcasse serait ensuite dirigée vers un abattoir traditionnel. Cela coûterait moins cher mais il sera compliqué de trouver des abattoirs qui accepteront de recevoir des carcasses d’animaux abattus en dehors de leurs murs, principalement pour des raisons d’hygiène. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler les difficultés que rencontrent les éleveurs pour faire traiter les carcasses de leurs animaux abattus « à la ferme » pour cause d’urgence (animaux blessés non transportables) … Bref, si, juridiquement, l’expérimentation peut commencer, reste à trouver des candidats. Compte tenu des contraintes sanitaires, matérielles et surtout financières, il n’est pas évident qu’ils seront nombreux. Et ce faisant, l’expérimentation risque de tourner court !

Ces abattoirs causeront-ils moins de stress aux animaux ?
Il est évident que la suppression de l’étape du transport (chargement-déchargement) est un plus incontestable. Mais il n’est pas certain qu’avec un dispositif mobile les animaux seront « mieux » abattus qu’en abattoir immobile. Les risques de dérives humaines sont en effet inhérents à l’abattage, pas au caractère mobile ou immobile de l’abattoir ! (Fin.)
Propos recueillis par Luce Lapin

Plus que jamais l’occasion d’annoncer la 8e Marche internationale pour la fermeture des abattoirs. Elle aura lieu cette année dans plusieurs villes : Bruxelles, Amsterdam, Los Angeles, Sydney, New York, Tokyo… En France, ce sera le 1er juin à Toulouse, rendez-vous à 10 heures devant le musée des Abattoirs, 76, allées Charles-de-Fitte. À Paris, rassemblement le 8 juin à 12 heures, place de la République, avec L214.
L.L.