Des écoles sans tableau noir

Des écoles sans tableau noir

Les animaux n’ont pas de religion, et ils ont bien de la chance. Malheureusement, celle de certains humains, comme la religion juive et la musulmane, qui imposent à la République, par une dérogation scandaleuse, l’abattage rituel, casher et halal, dit « à vif », est cause de grande souffrance pour eux. La religion chrétienne, elle, n’a aucune compassion pour l’agneau pascal, et les sacro-saintes fêtes consistent pour elle à envoyer plusieurs millions de mammifères, d’oiseaux, de poissons et de crustacés à la mort, et ce, transmis de génération en génération. Et la fameuse charité chrétienne ?

Dans le milieu scolaire, les enseignants apprennent aux « petits d’homme » de Rudyard Kipling comment se comporter dans notre société laïque. Chez les animaux, enseignement et éducation se fondent. Ce sont les parents des petits qui leur apprennent les « bonnes manières ». Lorsqu’ils font défaut, quand ceux-ci ont été tués ou que, pour de mauvaises raisons, commerciales le plus souvent, les petits ont été retirés trop tôt à la mère, leur vie d’adulte risque d’être déséquilibrée, et dangereuse pour la société. Par exemple, le chiot et le chaton ont besoin d’être remis à leur place lorsqu’ils ont tendance à mordre trop fort, sinon ils peuvent induire des troubles du comportement à l’âge adulte. Certains chiens peuvent également ne pas rester seuls, et aboyer, voire hurler lorsqu’ils sont seuls, ou, variante, être destructeurs. On peut alors faire appel à un éducateur – attention, pas à un «dresseur» … –,  mais rien ne remplacera les bonnes leçons maternelles.

Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux depuis 1986, m’explique que, chez les oiseaux, l’école est la plupart du temps présente… ou pas :
« Certains oiseaux se montrent d’admirables parents, d’autres de redoutables indifférents. Le coucou, par exemple, est orphelin dès les premières heures de sa vie, ses parents ayant abandonné l’œuf dans le nid d’une autre espèce.
En revanche, parmi les parents “responsables”, on constate un dévouement sans faille. D’abord pour assurer les nourrissages (un couple de mésanges bleues peut faire près de 1 100 navettes par jour pour alimenter sa nichée). Plus tard, certaines espèces prennent de la distance en laissant leur progéniture à des crèches encadrées par quelques adultes. C’est le cas des flamants roses et des manchots empereurs. Vient ensuite l’éducation.
L’école est facultative ou non selon les espèces. Une poule, par exemple, est une mère exemplaire. Elle lance des cris d’appel en cas d’identification de prédateur, elle montre aux poussins comment gratter le sol et localiser la nourriture. Les ornithologues ont même constaté qu’elle pouvait donner des cours de diététique en montrant les ressources alimentaires qu’elle préférait. De même, de nombreux rapaces apprennent à leurs jeunes à chasser. Enfin, le chant, qui est très important pour la communication chez les oiseaux, est enseigné bien souvent par les parents. Reste pour les oiseaux migrateurs l’initiation au grand voyage. Les parents accompagnent souvent les jeunes pour la première migration, mais pas toujours. Une fois de plus, le coucou, qui n’a jamais connu ses parents, part pour l’Afrique sans qu’on lui ait montré le chemin. En revanche, les jeunes oies sont initiées par les plus âgés du clan. »

L’enseignement, leur capital vie

En Thaïlande, me raconte Marc Giraud, porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages : « Quand les singes apprennent à se servir d’outils, c’est en général en observant leurs aînés. Chez des macaques crabiers de Thaïlande, l’apprentissage est encore plus sophistiqué.
Au temple de Prang Sam Yot, en Thaïlande, des macaques crabiers prélèvent des cheveux des touristes afin de s’en servir… de fil dentaire. Pour transmettre cette technique de nettoyage des dents à leurs petits, les femelles accomplissent leurs gestes au ralenti, les exagèrent même pour mieux les montrer : elles leur proposent de véritables tutos ! »

Elles sont deux près d’Arles, deux à Nîmes, une à Béziers et une à Aire-sur-l’Adour. Six en tout. Six de trop ! Dans les « écoles de la barbaque », comme Cabu nommait les écoles taurines, qui ne survivent que grâce aux subventions publiques, on n’apprend pas aux élèves la compassion, ni l’éthique, ni le respect du vivant, et pas plus les fables de La Fontaine. On leur enseigne l’« art » de tuer, en toute légalité. Pourtant, le Comité de l’enfant de l’Organisation des Nations unies s’est prononcé en 2016 contre ces écoles de la violence. Aucune fibre sensible n’a été touchée chez les responsables de ces écoles de la barbarie…

Pas d’école pour passer le permis de chasse, les anciens demandent aux jeunes de les accompagner – parfois pour le pire. Et un examen où une seule des dix questions, très faciles, est éliminatoire.

L’enseignement permet aussi de transmettre la connaissance des dangers afin que les futurs adultes les évitent.
Luce Lapin