Contre la vivisection, pour des raisons éthiques et scientifiques, entretien avec Angela Tandura
Citoyenne italienne résidant en France depuis dix ans, cette architecte, spécialisée dans les constructions et rénovations écologiques, est très engagée dans la lutte contre l’expérimentation animale. En collaboration avec Antidote Europe, elle s’occupe, depuis 2010, du réseau et des activités de l’association en Île-de-France, et est responsable du comité Stop Vivisection France. Un million de signatures d’ici au 31 octobre inclus, sept pays devant atteindre leur quota… Entretien avec Angela sur l’initiative citoyenne européenne (ICE) Stop Vivisection, soutenue par Antidote Europe, qui concerne plus de 12 millions d’animaux en Europe — dont plus de 2,2 millions en France —, torturés à mort dans le silence des labos, au nom d’une mauvaise science.
Quelles sont les motivations de votre engagement contre l’expérimentation animale ?
Très jeune, j’ai senti une empathie et un respect profond pour toutes formes de vie. L’antispécisme et le végétarisme sont devenus des choix de vie conséquents. Toutes les causes liées au respect de l’environnement et des animaux sont également dignes, mais on ne peut pas être partout, et j’ai dû choisir : la lutte contre l’expérimentation animale et l’intégration de l’animal en ville (chats, pigeons..). Pour obtenir un maximum d’efficacité, la collaboration avec les organisations et les organismes publics est indispensable. J’ai décidé de collaborer avec l’association Antidote Europe, et, depuis 2010, je m’occupe du réseau et des activités en Île-de-France. Depuis 2012, je suis responsable de la section Rosny-sous-Bois de l’Association chats des rues, pour l’intégration de l’animal en ville.
Dans ma vie professionnelle, je suis architecte, j’ai créé ma propre société. Je m’occupe de constructions et rénovations écologiques (maisons, commerces…). Je cherche aussi par ce moyen à intégrer l’homme et la nature de façon harmonieuse.
À quoi sert une ICE, et qui a déposé Stop Vivisection ?
Depuis le 1er avril 2012, les citoyens européens peuvent participer à l’activité législative de l’Union européenne. Avec ce nouvel outil, la Commission européenne est tenue d’analyser les demandes des citoyens dans les trois mois suivant le dépôt du million de signatures nécessaires, en organisant une audition publique du comité organisateur et en publiant par la suite une communication expliquant de quelle manière elle entend intervenir. Pour cette raison, l’initiative européenne est beaucoup plus efficace qu’une pétition classique. Elle demande cependant un investissement bien plus important et contraignant en termes d’organisation : un site mis à disposition par l’Union européenne pour recueillir les signatures, des formulaires qui nécessitent d’indiquer le numéro d’une pièce d’identité de chaque signataire, etc. L’Italie a lancé cette initiative grâce à l’événement de Green Hill, cet élevage de chiens destinés à des labos publics et privés, qui est actuellement fermé grâce aux pressions des militants. Les médias en Italie et certaines radios, comme Radio Monte-Carlo, ont relié l’information et les citoyens ont compris que l’expérimentation animale est de la mauvaise science, qui ne comporte aucun avantage pour la santé humaine. Pour cette raison, ce pays bien informé récolte un nombre de signatures très élevé — plus de 500 000.
Concrètement, c’est la députée italienne Sonia Alfano qui est à l’origine de l’initiative, avec un groupe d’eurodéputés. Déposée en mars 2012, l’ICE fut validée par l’Union européenne en juin. La récolte des signatures sur papier a débuté en septembre 2012, mais sur Internet seulement en janvier 2013 (retard dû à des problèmes techniques). Moins d’un an donc !
Quelles difficultés avez-vous rencontrées au départ ?
Disons que l’obstacle principal à l’avancement de l’initiative Stop Vivisection a été un problème interne, c’est-à-dire qu’Eurogroup, le groupement international d’associations pour la protection animale, n’a pas soutenu l’initiative — pour des raisons pas bien précises. Du coup, les principales associations de chaque pays ont également refusé dans un premier temps leur soutien, pour rester fidèles à ce groupement, important pour la cause animale. Petit à petit, quand les associations membres d’Eurogroup ont constaté le nombre grandissant de signatures récoltées par les militants et par de plus petites associations, indépendantes d’Eurogroup, elles ont commencé à faire des concessions. Par exemple, elles ont accordé leur soutien symbolique et envoyé leur logo aux organisateurs de Stop Vivisection pour qu’il soit ajouté dans la section « supporters ». Mais leur engagement concret reste quand même limite sur le plan de la récolte des signatures. Il suffit de savoir que le nombre d’adhérents d’une seule grande association aurait déjà été suffisant à la France pour remplir son quota (55 500 signatures requises)…
Quel est votre rôle dans l’ICE ?
Je suis responsable de la récolte des signatures en France. J’ai été au courant de la naissance de cette initiative dès le début, grâce à ma collaboration avec les associations Antidote Europe et Equivita (en Italie). J’ai cru dans l’importance de changer la loi, et dans le potentiel de Stop Vivisection, même quand le contexte était beaucoup plus difficile que maintenant et l’espoir d’une victoire très faible. Je voudrais souligner l’apport significatif d’une société à l’ICE. Il s’agit d’un fabricant italien de nourriture pour animaux (non testée), Almo Nature.
Vous centralisez les signatures papier. Combien en avez-vous recueilli pour la France ?
Pour l’instant, trois mille, mais j’ai récemment reçu de nouvelles enveloppes. Les personnes qui récoltent les signatures sur papier en France ont le choix : soit elles me les envoient, soit elles envoient directement en Italie, mais la procédure est un peu plus complexe.
En quoi l’ICE Stop Vivisection n’est-elle pas une utopie ?
Aux raisons éthiques (partagées par 86 % des Européens, d’après un sondage de 2006 de la Commission européenne) s’ajoute l’appel de plus en plus pressant de la communauté scientifique, qui affirme que le modèle animal n’est pas prédictif pour l’homme. L’objectif de cette initiative est de faire appel à la Commission européenne afin d’abroger la directive 2010/63/EU, dite « pour la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques », en présentant une nouvelle proposition de directive visant à arrêter définitivement l’expérimentation animale.
Il reste une petite semaine (date limite : 31 octobre 2013 inclus) pour obtenir le million de signatures. Où en est-on ?
Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Slovénie, Slovaquie, Bulgarie : sept pays, dont le quota était indispensable à l’aboutissement de l’ICE, l’ont atteint — et même un 8e, la Hongrie, et un neuvième… la France ! À ce jour [mardi 22 octobre], on obtient un total de 976 819 signatures (en ligne), soit à 97,6 % de l’objectif. Jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière minute, je lutterai pour qu’on gagne, ici et maintenant. L’intérêt de l’humanité et celui des animaux vont dans le même sens : l’utilisation des méthodes substitutives. Ce serait trop dommage de perdre cette occasion et de sacrifier des millions de vies !
DERNIÈRE MINUTE. Jeudi 24 octobre, l’ICE a atteint le million en ligne. Malheureusement, des signatures, en grand nombre, seraient invalides. Il nous faut parvenir maintenant à 1 100 000 afin d’être sûrs d’atteindre l’objectif : l’abrogation de la directive 2010/63/EU du Parlement européen et demander son remplacement par une directive fondée sur des méthodes substitutives non animales.
Alors, SOS ! On peut y arriver, avec votre aide ! Plus que jamais, signez et faites signer (jusqu’au 1er novembre inclus : un jour de plus). MERCI pour eux !