Cruauté et criminalité
« Tout acte de cruauté répété envers les animaux est le signe de trouble antisocial. Les enfants qui le pratiquent ont plus de propension à devenir des délinquants. » Cristina de Martos, Madrid, El Mundo, octobre 2011
En dépit de la terrible brutalité que recèlent les actes de cruauté contre les animaux, ceux-ci n’occupent pas les premières pages des journaux ni ne semblent scandaliser outre mesure la population. Néanmoins, la société devrait s’intéresser à leur signification. Ceux qui maltraitent les animaux, affirment les chercheurs en la matière, ont cinq fois plus de « chances » de commettre des crimes violents contre les personnes.
Un adolescent britannique qui met un hamster au micro-ondes, un groupe d’enfants qui crucifie un chat, un autre qui frappe à mort un âne, des jeunes qui torturent un chien et diffusent les images sur Internet. Des animaux écorchés vivants, brûlés, empalés, mutilés, tabassés…
Il est fréquent de lire ou d’entendre des phrases telles que « ce sont des histoires d’enfants » lorsqu’on se trouve devant ces faits. Il est certain que, « parfois, dans un jeu de groupe, quelques mineurs commettent des actes lamentables ». Ceci, affirment les psychiatres et les criminologues, « n’est pas une manière saine de libérer ses pulsions, mais bien un signe d’alarme que les gens ne voient pas », selon Allen Brantley, superviseur et agent spécial du FBI, l’un des plus grands spécialistes au monde en la matière.
Dans des pays comme les USA, l’intérêt pour ce type d’actes est croissant. C’est non seulement dû à une plus grande sensibilisation vis-à-vis des animaux, mais aussi à la relation évidente entre les actes de cruauté envers les animaux et les autres crimes, depuis le moins grave jusqu’aux meurtres en série.
Dans les années 80, les recherches effectuées par Alain Felthous, psychiatre-légiste, ont révélé de manière évidente le rapport direct entre les agressions contre les animaux et celles commises contre les personnes. Ses travaux ont été confirmés par une enquête dans les prisons américaines auprès d’individus particulièrement violents.
D’autres experts ont analysé la question. En 2002, la revue Journal of the American Academy of Psychiatry and the Law a publié une étude dans laquelle on a mis en rapport les actes répétés de cruauté contre les animaux dans l’enfance avec l’évolution des troubles de la personnalité.
« Près de la moitié des individus antisociaux est vouée à une conduite sadique, et s’ils le font avant 10 ans le pronostic est pire », signale Montañez.
Frank Ascione, du département de Psychologie de l’université de Utah (USA) et expert reconnu, écrivait dans le Bulletin de justice des mineurs, en 2001 : « La violence contre les animaux et la violence entre les personnes partagent les mêmes caractéristiques : les deux types de victimes sont des créatures vivantes, qui possèdent une capacité de ressentir la douleur et peuvent succomber à la suite des lésions infligées. »
La sensibilisation en Espagne devant cette problématique est très basse, affirme Núria Querol i Viñas, médecin généraliste et criminologue, pour qui « les mauvais traitements envers les animaux sont une abomination qui pourtant laisse la société indifférente ». D’autre part, souligne-t-elle, « en présence de cas de mineurs violents envers les animaux, il faut y prêter attention puisqu’ils révèlent à l’évidence un trouble du comportement. L’ignorer, c’est perdre l’occasion d’intervenir efficacement ». Sur ce point, elle rejoint l’avis du Dr Montañés, qui insiste sur la nécessité de « faire appel à un psychiatre en face d’actes de cruauté sur les animaux, ceux-ci pris à temps pourront être traités ».
Cet article de 2011 qui, malheureusement, est toujours d’actualité, a été traduit par
Beatriz Mac Dowell
Spécialiste des relations ibéro-américaines
20 mars 2014