Refuge de Beauregard : on rase tout… et on recommence ! 03 86 61 30 60
Jusqu’en octobre 1989, Laurence Chamberland, 26 ans, employée de banque, mène une vie « normale ». Le 9 octobre, Lucienne Métin, sa mère, qui dirigeait un refuge, décède, à 52 ans. Plusieurs dizaines de chiens, répartis sur un terrain, attachés « à la chaîne » à des niches au bois vermoulu, se retrouvent en perdition. Il est courant que, lors du décès d’un parent, les enfants prennent l’héritage, mais laissent le chien ou le chat s’il s’en trouve. Laurence est très vite consciente d’être la seule qui puisse les sauver. Elle quitte alors son boulot, et ce n’est pas un, mais soixante chiens, destinés à l’euthanasie, qu’elle va sauver du chaos.
Son « héritage » ? Une fermette qui abrite l’APAN, Association de protection des animaux de la Nièvre, créée par Mme Métin en septembre 1982, sise à Saint-Éloi, près de Nevers, sur un terrain nommé « Beauregard » par le cadastre. Laurence, élue présidente, prend en charge le refuge, soutenue par les dons des adhérents, emprunte (à la banque !), et hop ! elle fait table rase… ou plus exactement « niches rases ». Trente-deux box de 10 mètres carrés chacun sont construits. À l’intérieur, des niches Igloo. Pour l’époque, Beauregard fait partie des refuges « modernes ». Très vite, il accueille également des chats. Chatteries et infirmeries, chauffées, font peu à peu partie du nouveau paysage. Un parcours d’agility vient compléter le décor. Le temps passe. L’usure ronge les locaux.
1989-2014. Un quart de siècle et vingt-cinq ans de vie de refuge plus tard, les 32 box construits en remplacement des vieilles niches au bois vermoulu sont non seulement usés, mais dangereux. Les parois de séparation, attaquées par l’urine, s’émiettent, laissant un passage suffisant pour que de petits chiens puissent se glisser dessous et se retrouver dans le box d’à côté, au risque de se faire attaquer. Quant aux plus gros, ils peuvent au moins passer la tête. Des barreaux ont également cédé, le gel a cassé certaines dalles de carrelage, rendant les bords coupants — les chiens s’y blessent les coussinets. Le refuge n’est pas insalubre, mais il est urgent de remplacer la structure tout entière, pour éviter qu’il ne le devienne.
Les hivers sont terriblement froids dans la Nièvre. Laurence Chamberland a un rêve, de ceux que l’on qualifie de fous. Un rêve « pour des locaux au poil », dit-elle : des box tout neufs, et chauffés, pour les chiens. Un rêve qui coûte une fortune. Un rêve de 198 268 euros. « J’ai encore une niaque terrible, et pendant qu’elle m’habite encore je veux que ce que je promets à mes chiens depuis des années se concrétise : un petit coin, non pas de paradis, mais un petit coin de vie (et de survie) au chaud, un petit coin où ils pourront s’isoler et être protégés du gel de l’hiver et de la chaleur de l’été. »
Grâce à une très bonne gestion du refuge et à la générosité de ses adhérents, un livret A, ouvert pour ce projet, a permis quelques économies, que trois assurances vie sont récemment venues grossir. Les travaux peuvent commencer : il ne manque « que » quelque 46 000 euros (au 3 août), indispensables afin que le refuge ne soit pas contraint de prendre un crédit, qui le mettrait en danger. Premier coup de pioche : lundi 25 août 2014.
sites.google.com/site/refugebeauregard
Appel aux dons pour la construction des 32 box — 5, 10, 15, 20 euros… plus si vous pouvez, toutes les sommes, même minimes, sont importantes.
Le refuge ne prend plus d’abandons (sauf les chiens qui ont été adoptés à Beauregard) jusqu’à la fin des travaux, mais reste ouvert pour les adoptions chiens et chats.
Luce Lapin