Patrick Sacco : « Greystoke a montré les dessous de l’expérimentation animale »
Entretien avec le président de l’association Respectons, qui a mené l’Opération Greystoke dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1985. Ces animalistes avaient enlevé 17 babouins du CNRS de Gif-sur-Yvette (91) afin de dénoncer la cruauté et l’inutilité de l’expérimentation animale.
Trente ans après, une avancée ?
Entre 1985 et 2015, bien que le Code civil ait entériné, en tant qu’être sensible, le statut de l’animal déjà existant dans le Code rural et le Code pénal, et bien que l’opinion publique soit de plus en plus informée sur l’expérimentation animale et qu’elle la dénonce dans sa grande majorité, le législateur n’a en rien changé le statut de l’animal : il reste un objet d’expérimentation. Par exemple, des élevages qui comprennent des milliers de chiens — et plus particulièrement des beagles, considérés par les expérimentateurs comme plus « résistants » —, destinés à fournir des labos existent toujours, comme le CEDS, Centre d’élevage du domaine des Souches, à Mézilles, dans l’Yonne.
Pas de changement « dans le bon sens » ?
Les centres de recherche ressemblent de plus en plus à des bunkers et les chercheurs sont de plus en plus sur la défensive. Ils n’ont plus l’assurance du passé et craignent des interventions de militants contre l’expérimentation. Les interventions de libération d’animaux sont par ailleurs rendues difficiles, car les centres de recherche sont équipés de systèmes de sécurité très sophistiqués. Les libérateurs d’animaux sont qualifiés d« écoterroristes ». De plus, les risques d’être retrouvés pour les auteurs des actions sont bien réels du fait des nouvelles technologies d’investigation : tests ADN, écoutes… L’Opération Greystoke a contribué à montrer les dessous de l’expérimentation animale et finalement obligé les chercheurs à changer leurs méthodes de travail. Quand prendrons-nous enfin conscience que « l’animal n’est pas le modèle biologique de l’homme » ?
• Vidéo de Greystoke : youtube.com/watch?v=5scgUF_ftJY
Propos recueillis par Luce Lapin