Respect de l’animal : un pas de plus/ Par Isabelle Nail
En ce dimanche 10 mai 2015, une bonne nouvelle vient illuminer la cause animale : la motion pour la création de la commission « Condition animale » vient d’être adoptée par le Conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts.
Né des rencontres des dernières Journées d’été à Bordeaux, le groupe constitué dès la fin d’un atelier sur l’écologie politique et le féminisme, à l’initiative de deux élues parisiennes : Fabienne Roumet, conseillère d’arrondissement du 13e, déléguée à l’agriculture urbaine et à la biodiversité, et Douchka Markovic, adjointe au maire du 18e, chargée du développement durable, de l’alimentation et de l’environnement, a progressivement grandi et travaillé jusqu’à devenir suffisamment influent pour aboutir à cette victoire. La motion présentée rappelle que la question de la condition animale fait partie des fondamentaux de l’écologie politique. Elle précise que la commission qui sera prochainement créée « traitera du bien-être animal et des conditions dans lesquelles s’effectuent les interactions entre l’homme et l’animal ». Elle fera des propositions et soutiendra les élus qui les mettront en œuvre1.
Europe Écologie Les Verts avait déjà affirmé son opposition à la corrida (et aux combats de coqs, etc.) dans sa motion « Animaux et société » et soutenu les trois élus écolos dacquois exclus de la majorité municipale pour avoir participé à une manifestation anticorrida en dehors du périmètre autorisé. Et nous y voilà !
À peine a-t-on le temps de se réjouir à l’annonce de l’annulation, faute de moyens pour contenir la ruée des manifestants anticorrida, d’une novillada prévue en juillet à St Paul-lès-Dax, que s’annoncent, ici et là, les spectacles de corrida, avec des innovations, comme à Gamarde (40), où un boucher et un carreleur à la retraite mettent la main au porte-monnaie pour vivre enfin leur rêve en distrayant le village avec une corrida. Rêve pour les uns, cauchemar pour les taureaux et leurs défenseurs.
À peine a-t-on le temps de se féliciter du beau plaidoyer de maître Hélène Thouy au tribunal de Dax lundi 4 mai, pour la défense des manifestants anticorrida du dernier festival Toros y Salsa, que déjà il faut songer aux prochaines mobilisations.
Si l’avocate a rappelé qu’il incombait au préfet de prendre la mesure consistant à interdire une manifestation dans un périmètre de 500 mètres, et non au maire, gageons que nous aurons encore le même interdit dès la feria et que les intérêts des aficionados seront de ce fait bien protégés, selon la tradition. Gageons que la liberté d’expression et de manifestation ne sera pas garantie et que l’intervention de la police ne sera pas encore l’exception, comme elle devrait l’être, toujours d’après maître Thouy.
De quel poids pèsera l’argument de l’avocate selon lequel la Cour européenne des droits de l’homme déclare que le non-respect des réglementations par les manifestants ne justifie pas l’atteinte à la liberté de réunion et d’association ?
La relaxe sera-t-elle accordée aux manifestants pacifiques qui se font agresser par les aficionados physiquement et verbalement et sont victimes de violences policières selon leur témoignage à la barre ? Nous le saurons le 1er juin, le temps que les taureaux de début de saison se fassent massacrer, si l’on peut dire qu’existe un début et une fin de saison…
Dans ce fatras de traditions et de pratiques cruelles à l’égard des animaux en général, l’adoption de la motion pour la création d’une commission « Condition animale » au sein d’Europe Écologie Les Verts représente une avancée non négligeable et nous permet d’avoir l’espoir que les animaux domestiques et sauvages soient un jour réellement reconnus et traités comme des êtres vivants sensibles. À nous tous, amis des bêtes, de porter haut nos cœurs et notre ardeur.
Isabelle Nail
Auteure de Ni art ni culture
Photos des Highlands (vaches d’Écosse) : Isabelle Nail
1. Plus d’infos sur le site d’EELV