Bruxelles : la directive court toujours

Bruxelles : la directive court toujours

Expérimentation animale : en Europe, près de 12 millions d’animaux, de toutes sortes (singes, souris, chiens, chats, poissons…), sont torturés puis tués dans le silence des labos, dont 2,2 millions en France. L’audition publique de l’ICE, initiative citoyenne européenne, Stop Vivisection a eu lieu lundi 11 mai 2015.

Pour être prise en compte par le Parlement européen, l’ICE devait atteindre le million au 1er novembre 2013. Ce sont 1 173 131 signatures certifiées qui ont été remises le 3 mars 2015 à la Commission européenne par les organisateurs de l’initiative. Les responsables d’Antidote Europe, association créée par des chercheurs pour promouvoir une recherche moderne au service de la santé humaine, et les représentants de Stop Vivisection ont demandé l’interdiction de « l’utilisation d’animaux considérés comme des modèles biologiques de l’homme à des fins scientifiques », donc l’abrogation de la directive 2010/63. Antidote Europe était représentée par Claude Reiss, son président, directeur de recherche au CNRS durant quarante ans, et par le vétérinaire André Ménache, son directeur.

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Deux auditions ont eu lieu. Une le matin, avec la Commission européenne, où les représentants de l’ICE ont pu apporter des arguments scientifiques par rapport à la santé humaine, prouvant ainsi leur sérieux — car, dès qu’il s’agit d’animaux, il faut toujours prouver qu’on n’est pas des rigolos pour être crédibles. Dans l’après-midi, le Dr Ray Greek (président d’Americans for Medical Advancement) fut entendu. « C’est un scientifique très performant, capable d’expliquer pourquoi l’animal n’est pas un modèle fiable dans la recherche médicale. Nous avons eu de la chance qu’il accepte de venir à Bruxelles de Californie pour un discours de dix minutes… » Le Dr Ménache a regretté à juste titre ce temps très court que lui a accordé le Parlement.

À quoi sert donc une initiative citoyenne européenne, sinon à ce que s’exprime la démocratie ? Ce ne fut pas le cas. Le 3 juin 2015, Bruxelles a rendu sa décision. La Commission européenne a ignoré les arguments scientifiques et méprisé les citoyens qui se sont investis durant trois années dans cette campagne. Aucune des dix requêtes de l’ICE n’a été acceptée. Beaucoup de boulot pour rien ! « Pour obtenir la réponse que nous avons reçue de la Commission européenne, il aurait suffi d’une question écrite posée par un eurodéputé ou d’une pétition au Parlement. Il nous avait été dit que le “Droit d’Initiative” permettrait aux citoyens européens de prendre part au développement des politiques de l’Union européenne. Mais les événements actuels, ainsi que les précédentes ICE, montrent que la participation des citoyens prévue par les Traités n’est que pure illusion. C’est pourquoi, dans les prochaines semaines, nous allons déposer une plainte auprès du Médiateur européen, dénonçant la violation des droits des citoyens à être entendus et à recevoir des réponses réfléchies et pertinentes à leurs questions. Nous ferons également appel au Parlement européen pour la défense du débat démocratique entre les citoyens et les institutions comme valeur fondamentale de la coexistence civile et politique. »
Luce Lapin