Le rocher de Sisyphe d’Allain Bougrain Dubourg : après les tourterelles, les pinsons
« Chaque année, lorsqu’en quelques jours fleurit le colza, la campagne jaunissante me comble de joie, plantant le décor d’une nature renaissante. Mais la floraison annonce aussi le 1er mai, date qui ouvre les hostilités dans le Médoc à l’égard des tourterelles des bois. Autant l’avouer, durant de longues années, lorsque s’épanouissait le colza, mes tripes se nouaient. Je savais qu’il me faudrait affronter la haine, la vulgarité, les mensonges et la violence. Dans ces climats de grande tension, le pire n’est pas à exclure. Est-ce courageux d’aller à la rencontre de braconniers virulents? En toute honnêteté, je pense que non, car la volonté de défendre le respect de la vie l’emporte et estompe l’anxiété. “Le plaisir d’agir compense largement le malaise de penser”, disait le poète. »
Extrait des Mémoires d’A. B. D., président de la LPO, Il faut continuer de marcher (Éditions de La Martinière, octobre 2015).
Ce n’est pas le printemps, mais l’automne dans les Landes. Et pourtant, le scénario est peu différent, l’espèce concernée est également protégée, et ce, depuis 1976. Aujourd’hui, Allain et une partie de l’équipe des braves de la Ligue pour la protection des oiseaux, se sont fait sauvagement agresser, à coups de pelle sur la tête, alors qu’ils délivraient des pinsons et des chardonnerets, faits prisonniers dans des matoles, pièges mis en place par des braconniers en toute illégalité. Des plaintes ont été déposées, notamment pour coups et blessures. À l’heure où la biodiversité semble devoir être prise en compte, ce gouvernement va-t-il avoir le courage politique de faire respecter les lois, ce qu’aucun autre n’a jamais fait ? On attend toujours que « la gauche généreuse et magnanime » que Cavanna appelait de ses vœux se manifeste…
Luce Lapin
Photo LPO : derrière Allain, qu’il cherche à protéger, Philippe de Grissac, vice-président, dont les lunettes étaient encore intactes — ça n’allait pas durer…