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En vadrouille avec Marc Giraud, naturaliste de terrain, vice-président de l’ASPAS, journaliste, chroniqueur de radio et télé, qui nous apprend des choses essentielles sur les bourdons et les frelons.
Où se situent les bourdons dans le règne animal ?
La place d’un animal dans un écosystème est au cœur d’interactions très complexes. Ainsi, le bourdon est le maillon d’une chaîne qui part des renards, des belettes et autres chasseurs de campagnols. En détruisant les rongeurs, un renard libère leurs terriers et les rend disponibles pour des colonies de bourdons. Grâce à lui, les butineurs vont prospérer et permettre de belles cultures de trèfles qui viendront nourrir les vaches. L’utilité du renard ou des rapaces commence d’ailleurs à être reconnue par certains agriculteurs, généralement des producteurs bio, adeptes du wild farming, cette activité qui respecte la vie sauvage.
Où nichent-ils ?
Pour la plupart, dans des cavités. C’est le cas du plus commun et du plus connu : le bourdon terrestre, noir et jaune, avec le derrière blanc. Au printemps, tous les bourdons sont énormes. Normal : ce sont des femelles fécondées, de futures reines à la recherche d’un endroit où former leur colonie. Elles sortent juste de l’hibernation, et butinent pour reprendre des forces. Lorsqu’une femelle a trouvé une cavité à sa convenance (souvent un nid de rongeurs abandonné), elle s’y installe. Là, Sa Majesté commence à faire le ménage, puis elle transforme sa caverne en palais royal. Elle fabrique des urnes en cire, dans lesquels elle pond ses premiers œufs. Puis elle les couve, tout comme un oiseau ! Les premières ouvrières qui voient le jour vont aider leur mère et soigner leurs sœurs. Au cours de l’été, la colonie va se développer, jusqu’à compter plusieurs centaines d’ouvrières chez les bourdons terrestres. Des mâles et des femelles fertiles vont éclore et s’accoupler, puis les géniteurs mourront, ainsi que toutes les ouvrières à l’arrivée de la période froide. Seules les femelles fécondées survivent et hibernent. Au printemps, elles sortiront de leur abri, et le cycle recommencera…
Une reine de bourdon terrestre en train de chercher une cavité au printemps
Comment distingue-t-on les frelons des bourdons ?
Les frelons sont de grandes guêpes, jaune rayé de noir avec une taille fine, alors que les bourdons sont rondouillards et velus. Cette fourrure leur permet de résister au froid mieux que d’autres insectes : on les rencontre jusqu’en Laponie ! Lors des printemps frais, les bourdons sont souvent les seuls butineurs capables de voler et de féconder les plantes sauvages ou domestiques. Ils sont donc extrêmement précieux. Les bourdons sont de paisibles pollinisateurs, alors que les frelons sont des prédateurs. S’il est évidemment déconseillé de s’aventurer trop près d’un nid de frelons, car ils ont leur colonie à défendre, ces insectes sont bien plus impressionnants qu’agressifs. Le fameux frelon asiatique, magnifique bête noire et élancée, n’a pas non plus de raisons d’aller attaquer un humain. Les pièges qu’on leur destine ne sont pas sélectifs, ils sont donc néfastes pour tous les insectes. Piéger un animal est toujours absurde.
Une reine de cul rouge sur des fleurs de prunellier
D’où vient le frelon asiatique ?
Les frelons à pattes jaunes, dits « asiatiques », sont arrivés accidentellement dans le Lot-et-Garonne en 2004, et se sont étendus progressivement aux autres régions de France. Comme ils s’attaquent aux abeilles domestiques, on les a complètement diabolisés. Aujourd’hui, ils semblent en régression, peut-être à cause de problèmes de consanguinité, et ne menacent pas leur homologue européen. Sur un tas de pommes tombées au sol, j’ai observé des frelons européens attaquer et tuer des asiatiques, plus petits qu’eux. La nature recrée sans cesse son équilibre…
Propos recueillis par Luce Lapin
• Photos Marc Giraud. En « une » : bourdon en train de butiner une consoude
• Les insectes qui aident les jardiniers, contre 3 euros (en chèque ou timbres) à l’ASPAS, BP 505, 26401 Crest Cedex.