La savane en cage
Il faut arrêter de mentir aux enfants, arrêter de leur donner une vision édulcorée, donc faussée, du traitement fait aux animaux, en général, et plus précisément, ici, à ceux que l’on oblige, sous la contrainte, à exécuter des numéros contre nature et dangereux pour eux.
Arrêter de leur faire accroire qu’il est normal pour un ours de se maintenir en équilibre sur un tabouret, dressé sur une seule patte, et qu’il en retire du plaisir. Ou qu’un lion s’éclate à sauter à travers un cerceau enflammé. Jamais, dans la nature, on ne les verra se comporter ainsi. Les animaux ont une peur panique du feu. Nous aussi, les humains… Pourquoi alors, puisque nous sommes conscients de ce qu’ils ressentent, accepter qu’on leur fasse subir de tels traitements ?
Qui sont-ils, d’où viennent-ils ? Des animaux sauvages qui naissent, vivent et meurent dans leur camion-cage, qu’ils ne quittent que pour se rendre sur la si malnommée « piste aux étoiles », pour y subir un dressage fondé sur la peur et la contrainte, qui ne connaîtront jamais la liberté, et ne courront jamais dans la savane. Esclaves de l’homme, emprisonnés, des lions, des tigres, des ours, des hippopotames, des primates, etc., rendus fous par la captivité et les coups, vivant en permanence dans la crainte, se déplacent en se balançant de long en large dans leurs cages minuscules, atteints d’une stéréotypie similaire à celle que l’on observe dans les hôpitaux psychiatriques et les prisons.
Les cirques avec animaux sauvages sont totalement ou partiellement interdits en Europe et dans de nombreux pays. L’Autriche, l’Inde, la Finlande, le Brésil, la Suède, Israël, la Norvège et bien d’autres ont su faire évoluer leurs spectacles, et ont raisonnablement renoncé aux animaux dans leurs cirques. La France, comme toujours en matière de protection animale, est à la traîne. Loin derrière les avancées pratiquées dans ces pays. Tout de même en progrès depuis quelque temps : 46 municipalités, et non des moindres, n’en veulent plus, et ce nombre augmente régulièrement. Paris serait une grande victoire et un exemple. On attend, avec confiance, de la maire de la capitale, Anne Hidalgo, et de son conseil municipal le courage politique nécessaire à l’interdiction de ces cirques véhiculant le mensonge et la souffrance.
Allez plutôt soutenir les cirques du Soleil, Phénix, Plume, le tsigane Romanès, etc., sans animaux sauvages, voire sans animaux du tout…
Les enfants ne veulent pas que, pour les amuser, on fasse souffrir les bêtes. Ils ne méritent pas les mensonges que leur font les adultes, « pour leur bien ». Dites-leur ce qu’endurent ces animaux. Alors, vous verrez, ils refuseront d’être complices de ces maltraitances, et exigeront des cirques sans animaux. Avec des clowns ? Oui, mais des vrais. Car les animaux n’en sont pas.
Rire, oui. Mais sans eux. Et pas d’eux.
Luce Lapin
Photos (superbes !) : merci à Code animal