Les Baléares sonnent le glas de la corrida
Ce n’est pas l’abolition qui a été votée ce pourtant mémorable lundi 24 juillet 2017 par le Parlement, mais une « Loi de régulation des corridas et protection des animaux », par 33 voix pour, 19 contre, 2 abstentions (54 votants).
La corrida ne sera donc pas interdite, mais elle se fera sans rien qui blesse le taureau, qui ne sera pas mis à mort non plus. Sont autorisées uniquement la muleta et la cape. Banderilles, épées, poignards et autres instruments de torture, c’est fini. L’entrée sera interdite aux mineurs, l’alcool également. Dix minutes par taureau, une corrida n’excédera donc pas une demi-heure. Avec, en prime, un contrôle antidopage pour les taureaux et les toreros, avant et après le spectacle. Plus une goutte de sang, plus de souffrance animale… ça ne va pas les amuser longtemps, les tortionnaires et les amateurs de barbarie ! Malgré toutes ces précautions, en cas de blessure du taureau, les amendes iront de 300 à 100 euros pour les légères, les graves jusque 10 000 euros, les très graves pourront atteindre 100 000 euros. Les taureaux qui auront fait le transport jusqu’à la péninsule devront se reposer pendant deux jours avant le spectacle. Avec, en prime, et c’est énorme, l’interdiction des cirques avec animaux. Là, on peut vraiment dire olé ! La France, à la traîne, comme toujours, quand il s’agit de protection animale, devrait en prendre exemple.
Ils sont malins, aux Baléares… Pour ceux qui demandent pourquoi n’avoir pas voté l’abolition, j’ai ma petite idée. Elle le fut en 1991 aux Canaries, on n’en entend plus parler depuis. En revanche, c’est différent en Catalogne. Le 28 juillet 2010, le Parlement catalan vote l’abolition, effective à partir du 1er janvier 2012. En octobre 2016, le Tribunal constitutionnel de Madrid, saisi par le PP (Partido popular, conservateur, l’équivalent de notre droite), annule cette loi, sous prétexte que le Parlement catalan, s’il a le droit de réglementer la corrida, n’a pas celui de l’interdire. Le gouvernement catalan a déclaré qu’il ne se soumettrait pas à la décision du Tribunal constitutionnel, car « nous voulons un pays où il ne soit pas possible de faire de la souffrance et de la mort d’un animal un spectacle public » (lavanguardia.com du 20 octobre 2016). À ce jour, statu quo… En attendant, cette excellente loi qui interdit de torturer et de tuer des taureaux est entrée en vigueur le 11 août dernier. Standing ovation !
Les Baléares ont donc bien réglementé la corrida. En attendant qu’elle meure de sa « belle » mort — le plus tôt sera le mieux.
Luce Lapin