Demain, la milice ?
Selon une information qui serait farfelue si elle n’était pas inquiétante, la gendarmerie de l’Oise aurait, le mercredi 20 décembre 2017, réuni une centaine de chasseurs pour en faire une force vigilante chargée notamment de surveiller les populations et de prévenir les cambriolages et autres infractions.
Or, en république, dans un état de droit, la force publique bénéficie du monopole de la constatation et de la répression des crimes et délits. Qu’est-ce qui habilite des chasseurs à se muer en gardiens de la paix publique et en dénonciateurs de cambriolages ? Bien sûr, ils sont armés et on peut se demander si inconsciemment certaines autorités publiques ne rêvent pas d’importer ici les délires des pires conservateurs étatsuniens, adeptes de la NRA, adorateurs des armes et des milices privées. Les chasseurs, dont l’activité ludique trouble le calme et la sécurité des campagnes, qui génèrent accidents et nuisances, sont bien mal placés pour remplir une quelconque mission de tranquillité publique.
Va-t-on privatiser la police et demain la justice, histoire de réduire la dépense publique et de faire échapper à l’impôt les oligarques ?
Si telle était la volonté des bradeurs de nos services publics, ils seraient bien mal inspirés en recourant au service de chasseurs de moins en moins tolérés par les populations, comme le prouve le nombre des incidents opposant les porteurs de gros fusils aux citoyens pacifiques. Quand ils ne nous choquent plus, les chasseurs nous amusent par leurs gesticulations et leurs inventions grotesques comme une des dernières en date : le loup ne serait qu’un hybride de chien. Les spécialistes de la question peuvent en rire devant l’ignorance crasse des « gestionnaires de la nature » qui ignorent que le chien a été domestiqué il y a peut-être vingt mille ans, à partir du loup, et que les métissages entre chiens, loups et coyotes sont fréquents et sans conséquences.
À travers cette stupidité, le lobby chasse, obsédé par la pulsion de tuer, veut sans doute soutenir que le loup qui n’existe plus puisqu’il n’est qu’un hybride, et n’est plus une espèce protégée.
Et voilà ce que nos gendarmes de l’Oise choisissent comme force de vigilance !
Gérard Charollois
Président de CVN