Faut-il relâcher des ours ? Par Marc Giraud
Le 6 mars dernier, l’État français s’est fait tacler par le tribunal administratif de Toulouse, suite à une plainte des associations Ferus et Pays de l’Ours-Adet qui lui demandent de se secouer un peu pour restaurer ses populations d’ours.
L’affaire traîne depuis un moment : la France est mise en demeure par la Commission européenne depuis 2012 pour manquement à ses obligations en faveur de l’ours dans les Pyrénées.
Pour enfoncer le clou, un sondage muti-associatif du 1er mars, réalisé par l’IFOP, confirme que les Pyrénéens (73 %) et tous les Français (84 %) attendent très majoritairement des lâchers d’ours. On ne peut pas faire plus consensuel. Rappelons que dans les Pyrénées-Occidentales, depuis la mort de Cannelle, flinguée par un chasseur en 2004, il ne reste plus que deux mâles : son fils Cannellito et le père. Pas terrible pour la reproduction. Dans l’autre noyau de population dans les Pyrénées centrales, la moitié des oursons sont issus du même mâle. Il y a donc un grand risque de consanguinité, d’autant qu’à l’été 2017 on ne dénombrait qu’une quarantaine d’ours pour toutes les Pyrénées.
Oui, mais relâcher des pauvres bêtes capturées en Slovénie et leur imposer un pays hostile après un long voyage, est-ce vraiment éthique ? Si l’on sait que ces animaux sont décomptés d’un quota annuel de chasse et que ça les sauve, on peut regarder les choses autrement. De plus, les conditions de transport se sont considérablement améliorées. Puisque l’action des hommes est partout, devrions-nous nous contenter de l’un d’elles, l’extermination des ours, et refuser une autre, les réintroductions ? C’est grâce aux réintroductions que nous avons aujourd’hui des bouquetins, des lynx, des castors ou des vautours, et personne ne le regrette.
La montagne n’appartient ni aux lobbies agricoles ni aux chasseurs, et les citoyens ont leur mot à dire : tous les sondages montrent qu’ils veulent des ours, des loups et des lynx, qu’ils ont besoin d’une nature authentique. Pour les soutenir, les militants d’Adet vous proposent de poser avec cette pancarte : « Nicolas, faut rien lâcher, sauf des ourses dans les Pyrénées ! »
M. Giraud
Porte-parole de l’ASPAS