« Abolición en marcha* »
Après celle de Séville le 23 avril 2017 eut lieu à Madrid, le 13 mai, la première manifestation internationale contre la tauromachie en général et contre la corrida en particulier. Elle rassembla plusieurs milliers de personnes. Deuxième, donc pas dernière, espérons-le, édition cette année, dimanche 27 mai.
Rendez-vous à 11 heures à la Puerta del Sol. Plusieurs associations internationales organisent cet événement, notamment l’excellente AnimaNaturalis, dont je suis régulièrement l’actualité. « Le 27 mai, nous devrons crier bien fort que nous ne voulons plus que la torture de ces animaux soit tolérée ni subventionnée. » AnimaNaturalis agit contre toutes les cruautés exercées sur les animaux. Des autocars partiront de Barcelone, Saragosse, Alicante, Valence… De nombreuses actions se dérouleront lors de la manif.
Cela se confirme, les Espagnols ne veulent plus de barbarie dans leurs arènes, que ce soit dans la capitale ou dans le Sud même, censé être le « berceau de la tauromachie »… La corrida enregistre en effet une baisse de fréquentation de 60 % dans toute l’Espagne. Ces sept dernières années, les spectacles taurins, quels qu’ils soient, et même les fêtes populaires utilisant et maltraitant des animaux sont en régression dans quelque dix régions. Exemple : en 2007, 3 651 spectacles ont été organisés, en 2016 il n’y en avait plus que 1 598 (cf. ministère de la Culture). D’après un sondage réalisé en 2015 par ce ministère, seulement 9,5 % des personnes consultées déclarent avoir assisté à une corrida, et 2 % d’entre elles bénéficiaient d’une entrée gratuite. Comme on peut le constater sur de nombreuses photos, les gradins se vident, pour ne pas dire sont vides…
Bien que la tauromachie ait été déclarée patrimoine culturel en 2013, que de nouvelles écoles taurines aient été subventionnées, des arènes rénovées, le prosélytisme accru dans les établissement scolaires…, rien n’y a fait. Le déclin est amorcé, la chute semble inexorable. Réjouissons-nous ! Cette cruauté n’a rien à faire au XXIe siècle. La nouvelle génération n’est pas intéressée, elle ne cautionne pas cette cruauté. ¡Abolición !
Pendant ce temps-là, en France…
Un musée itinérant vantant la tauromachie aux enfants a quitté Bordeaux et Béziers pour s’installer à Nîmes. Une exposition, « Tauromachies universelles », devait s’y tenir les 4 et 5 mai derniers, sans aucun avertissement mettant, selon la formule consacrée, en garde parents et accompagnateurs contre des « images violentes pouvant heurter la sensibilité » des 400 écoliers, du CP au CM2, « invités » à s’y rendre – avec en prime la gratuité aux arènes. Fort heureusement, aucun directeur d’école n’a souhaité y emmener ses élèves. L’Alliance anticorrida avait notamment œuvré dans ce sens. Je rappelle la proposition de loi déposée le 16 mars par Michel Larive (FI) interdisant l’accès aux arènes aux moins de 14 ans — enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale le 22 mars.
À Vauvert (Gard), la preuve, une fois de plus, que sans subventions – municipales, territoriales – la corrida ne survit pas. La Peña taurine, qui devait avoir lieu du 28 au 30 juin et s’achever par une corrida, pourtant payante, n’aura pas lieu, la mairie n’ayant proposé à l’association que 3 000 euros au lieu des 20 000 espérés (info Objectif Gard). La Peña ne soufflera pas ses 40 bougies d’existence…
Quelque 200 participants ce 19 mai à Nîmes, dans une manifestation citoyenne abolitionniste. À noter que la manif n’était pas autorisée.
Un hommage émouvant a été rendu le 12 mai dernier par le CRAC Europe pour la protection de l’enfance à Jean-Pierre Garrigues, président emblématique durant quinze ans, décédé en novembre 2017 – tout juste six mois aujourd’hui –, et à Jacques Dary, cofondateur du CRAC.
Abolition !
Luce Lapin
*Clin d’œil à l’inoubliable España en marcha, de Paco Ibañez (années 60).