Majorque ensanglantée
Le 24 juillet 2017, Majorque votait, par 33 voix pour, 19 contre, 2 abstentions (54 votants), une « loi de régulation des corridas et protection des animaux », n’interdisant pas totalement la corrida aux Baléares – comme c’est le cas aux Canaries depuis 1991, et en Catalogne depuis 2012 –, mais la réglementant.
Notamment, les taureaux devaient être mis au repos durant deux jours après leur arrivée pour se remettre du voyage. Cette loi interdisait la mise à mort, mais pas seulement. Banderilles, épées, poignards, se trouvaient proscrits, ainsi que tout objet qui pût faire couler le sang du taureau. Seules la muleta et la cape étaient autorisées. L’entrée aux arènes était également interdite aux mineurs, ainsi que l’alcool. Si, malgré ces précautions, le taureau venait à être blessé, les responsables étaient susceptibles d’être punis par une amende, plus ou moins lourde selon la gravité de la blessure.
À l’époque, j’avais pensé : « Plus une goutte de sang, plus de souffrance animale… ça ne va pas les amuser longtemps, les tortionnaires et les amateurs de barbarie ! » Je l’ai toujours su et vérifié : on ne peut jamais se reposer sur une victoire, il faut toujours rester vigilant. La preuve, une fois de plus : le Tribunal suprême espagnol vient de revenir sur cette interdiction. Elle a tenu deux ans, tout de même, quel exploit… Les corridas sanglantes ont donc repris. Dans l’arène, un hymne fasciste espagnol a salué ce retour.
Les arènes sont de plus en plus vides, en France et même en Espagne, « berceau de la tauromachie »… S’il est certain que la corrida mourra de sa « belle » mort, il peut se passer beaucoup d’années (de décennies ?) avant que ce soit effectif, et qu’on laisse enfin ces herbivores, improprement appelés « taureaux de combat », car toreros et matadors sont les seuls à combattre, vivre leur vie. Alors aidons l’Alliance anticorrida, la Fondation Bardot, le Crac Europe pour la protection de l’enfance, 30 Millions d’amis, la SPA, Société protectrice des animaux (Paris)…, à en finir au plus vite. Soutenez les associations qui luttent pour l’abolition de cette infamie d’un autre siècle !
Nota Bene. C’est un peu particulier en ce qui concerne la Catalogne. La loi a été annulée en 2016 par le Tribunal constitutionnel de Madrid, saisi par le PP, Partido Popular, la droite espagnole. Le Parlement catalan a déclaré ne pas en tenir compte… Statu quo pour le moment.
Luce Lapin