L’ASPAS reprend un espace aux chasseurs par Marc Giraud

L’ASPAS reprend un espace aux chasseurs  par Marc Giraud

Victoire, super victoire, méga victoire : l’ASPAS, Association pour la protection des animaux sauvages, a enfin réuni les fonds pour acheter « Vercors Vie Sauvage », un magnifique espace de 500 hectares jusqu’ici dédié à la chasse en enclos.

Plus de 20 000 citoyens se sont cotisés pour redonner aux aigles, aux loups et aux cerfs la nature qui est la leur. Certains ont donné leur nécessaire, des enfants ont cassé leur tirelire, de jeunes youtubeurs ont diffusé leurs films dans les réseaux, tout cela prouve à quel point les Français sont attachés à la préservation de la nature, sans fusil et sans tronçonneuse. Juste la nature, pour elle-même, dans toute sa beauté.

Le pari était pourtant risqué : plus de 2 millions d’euros à réunir en un temps limité, et le suspense a duré jusqu’au dernier moment. Le coup de pouce du journaliste Hugo Clément a permis de réunir les 150 000 euros qui manquaient en vingt-huit heures. Ouf ! L’aventure ne fait que commencer, car il va falloir installer un système de gardiennage (les chasseurs locaux ne sont pas contents du tout du tout…) et de libération des lieux au service des animaux. Cette Réserve de vie sauvage® est la quatrième acquise par l’ASPAS, et marque sa volonté de réensauvager la France, qui ne possède quasiment plus d’espace réellement protégé. Le principe de ces RVS : l’homme passe et ne laisse pas de trace. Il n’y a pas de « gestion ». Les milieux naturels laissés en libre évolution, sans intervention humaine, ne représentent plus que 0,66 % de la surface du territoire terrestre, et encore : des antinature cagoulés revendiquent de chasser l’ours ou le loup (espèces protégées) jusqu’au cœur des parcs !

Cette acquisition réjouissante est à mettre en parallèle avec la création en cours du parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne. Celui-ci s’étend sur 241 089 ha, certes, mais la chasse aux ongulés y restera autorisée y compris en zone centrale et dans la réserve dite intégrale. Le prétexte : éviter que les cerfs s’y réfugient pendant la chasse et risquent d’abîmer la végétation. Les responsables n’ont évidemment pas pensé libérer l’ensemble du parc des fusils, de peur d’affronter la poignée de chasseurs qui, là aussi, font régner la loi sur la majorité des citoyens. Moralité : puisque l’État n’assure plus sa mission de préservation de la nature, faisons confiance aux associations et à nous-mêmes pour redresser le cap. Honte à l’État, et bravo à l’équipe de l’ASPAS et à tous les donateurs !

Marc Giraud, porte-parole de l’ASPAS, est naturaliste de terrain, journaliste et écrivain.

Photo ASPAS