De la « pureté »
Je ne tiens pas ce site pour plaire, pour être « aimée », ni pour « faire le buzz » médiatique. Je ne suis pas là pour ça, mais pour informer, c’est pour moi la base de la réflexion, qui entraîne – ou non – l’action.
Le mouvement végane, que je soutiens dans les grandes lignes, peut revêtir certaines formes excessives qui, à mon sens, sont contre-productives : elles me paraissent décourageantes plutôt qu’incitatives.
Par exemple, cette volonté de mettre végane… à toutes les sauces – c’est le cas de le dire. Déclarations, réseaux sociaux, pancartes dans les manifs, notamment, vont dans ce sens : les véganes sont anticorrida, les véganes sont pour des cirques sans animaux (sauvages ou pas), les véganes sont contre l’expérimentation animale, etc. On peut tout à fait y souscrire tout en mangeant de la viande, ce fut mon cas pendant des années. C’est celui de beaucoup d’autres, et c’est tant mieux.
Police partout…
Entre une alimentation omnivore et le véganisme, il y a d’abord le végétarisme, puis le végétalisme. Tout le monde ne « saute » pas systématiquement ni facilement de l’un à l’autre… Certains, d’ailleurs, jamais. À chacun son chemin, sa réflexion, sans subir de pressions d’une certaine « police végane » (sic) – m’a confié un végane que cela exaspère –, qui vous jauge de la tête aux pieds afin d’évaluer votre pull, des fois qu’il soit en laine, vos chaussures, en cuir… Et encore, « tous les végans ne sont pas d’accord. Les purs et durs estiment qu’il faut s’en débarrasser [ici, des pulls]. Mais d’autres continuent à les porter tant qu’ils ne sont pas abîmés car, pour eux, l’essentiel est de ne pas en acheter de nouveaux », m’apprend Florence Pinaud dans la collection « Pourquoi ? » son excellent les Vegans.
Comment « naissent-ils », qui sont-ils, combien sont-ils, ce petit livre (Éditions du Ricochet, octobre 2019, 125 pages, illustrations Élodie Perrotin), très instructif, répond, sans parti pris, à nombre de questions. Et qu’en est-il du fait de zigouiller ou non les moustiques ? « Les opinions divergent », relève Florence.
L’occasion de redire que consommer des œufs Poulehouse n’exploite pas les poulettes, c’est tout le contraire. Condamnées, car moins productives (le vilain mot), à l’âge de dix-huit mois par des élevages bio et plein air, elles ont été sauvées de l’abattoir. Qui pourrait prétendre, en toute honnêteté, qu’acheter leurs œufs, afin de financer leur devenir, leur porte préjudice ? Et que donner des croquettes véganes à des carnivores n’est pas contre nature ?
Que les lions soient rassurés, ils ne sont pas près de chasser le tofu dans la savane…
Luce Lapin