« Chiens errants », ça n’existe pas

Une « actu » chassant l’autre à la vitesse de la lumière – ou presque –, je pensais que cette mesure ne tiendrait pas la semaine, qu’elle serait très vite obsolète. Je me trompais : elle a tenu un mois.

Effectivement, du 10 avril au 10 mai 2024, l’abattage des chiens «errants, divagants et malfaisants […], pour protéger les élevages de brebis » a été autorisé. Dans un de ces pays lointains, connus, selon nous, prétentieux Occidentaux, pour leur indifférence, voire leur cruauté, envers les animaux ? Pas du tout. Ici même, en France. Qui l’a décidé ? La préfecture de l’Aveyron.

L’arrêté préfectoral mentionnait notamment « l’ampleur des constats de dommage sur les troupeaux domestiques établis ces derniers mois par les agents de l’Office français de la biodiversité et dont la conclusion n’écarte pas la responsabilité du loup ». Du chien, hop ! on passe au loup, qui, rappelons-le, est une espèce protégée par la convention de Berne (1979). Des dommages, où ça ? Combien de chiens « errants » abattus durant cette période ? Dans quelle mesure un tel arrêté pourrait-il être de nouveau pris ? L’histoire, en l’occurrence la préfecture, ne le dit pas. Elle ne dit pas plus que « chien errant » n’est ni une race, ni un croisement entre deux races, ni un statut… L’identification étant obligatoire, le responsable est le propriétaire de l’animal, qui le laisse divaguer en totale infraction1.

Pour le Parti animaliste, « Nous sommes face à une situation opaque qui nécessite plus de transparence. C’est dans un souci de démocratie que nous sollicitons le préfet pour une rencontre », a indiqué sa présidente, Hélène Thouy.
Luce Lapin

1. La divagation est punie d’une amende pouvant aller jusqu’à 750 euros.