La pub prend (aussi) les animaux pour des cons
La publicité sévit toujours et plus encore, dans un crescendo affligeant de bêtise à l’état brut. « La pub nous prend pour des cons, la pub rend con », répétait Cavanna. Le cynisme accompagne aujourd’hui tout particulièrement les pubs destinées à nous faire consommer, donc à mettre en scène des animaux. Des animaux qui s’offrent à nous, tellement heureux de se faire tuer pour notre plaisir gustatif qu’ils nous tendraient même le couteau pour se faire égorger…
C’est durant la COP 21 que l’idée est venue à Valérie Thomé, vice-présidente d’Animal Cross, de créer Les Bêtes Noires de la Pub, un collectif qui rassemble 18 associations — dont Animal Cross, bien sûr, et aussi l’Alliance anticorrida, Aves, Code animal, le CRAC Europe pour la protection de l’enfance, L214, l’OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs)… —, et dont l’objectif est de décerner des « trophées » aux pubs les plus spécistes. Ils dénonceront « l’écart existant entre les contenus de certaines publicités et la réalité vécue par les animaux ». Le collectif a choisi les pubs qu’il a « estimé les pires et les a classées en six catégories : mauvais goût, alibi santé, victime consentante, packagings trompeurs, illusion de l’élevage heureux, animal effacé. Puis les internautes ont voté (quelque 37 500 votes), du 10 mai au 10 juin 2016 ». « Ces trophées seront réédités chaque année, pour que les mentalités changent vis-à-vis des animaux », m’a expliqué Valérie. « Chacun doit prendre ses responsabilités. Les entreprises de l’agro-alimentaire et leurs agences de publicité aussi. »
Les trophées ont été décernés vendredi 24 juin 2016 à Paris, à la Maison des vétérinaires, par les associations de protection animale et des humoristes, dont Christine Berrou et Raphaël Mezrahi, et envoyés aux marques responsables de ces publicités répugnantes. Elles ont reçu… des pipeaux d’or — et encore, c’est gentil ! Six publicités étaient concernées, chacune dans une catégorie.
1) Mauvais goût : Charal.
2) Alibi santé : les produits laitiers.
3) Packagings trompeurs : Brocéliande (le jambon).
4) Victime consentante : Quick.
5) Illusion de l’élevage heureux : Lou Pérac.
6) Animal effacé : foie gras.
Je ne mets aucun visuel, pas en plus leur faire… de la pub !
Une première, organisée par Valérie Thomé, mais certainement pas une dernière. À l’année prochaine !
Luce Lapin