Retour à la case départ en Catalogne

Retour à la case départ en Catalogne

Avril 2004. Barcelone, capitale de la Catalogne espagnole, est déclarée « ville anticorrida et amie des animaux » par le vote de son conseil municipal. Depuis, il ne s’y déroule plus de corridas bénéficiant de subventions municipales. Mais La Monumental, arène privée, demeure en fonctionnement, car seul un vote du Parlement peut officialiser la Catalogne en tant que région anticorrida. La fermeture de La Monumental, on en rêve…

2007. Barcelone est déclarée par l’Unicef « ville amie des enfants ». Définitivement incompatible avec la barbarie de la corrida…

18 décembre 2009. La plate-forme catalane espagnole Prou ! (« Assez ! ») présente au Parlement une ILP (initiative législative populaire) ayant recueilli 180 163 signatures — soit plus de trois fois le nombre nécessaire à sa constitution —, et lui demande qu’ait lieu un débat sur la légitimité de la corrida dans cette région d’Espagne. Le Parlement accepte.

28 mars 2010. Plusieurs milliers de personnes —  le chiffre de 20 000 est avancé — défilent dans les rues de Madrid, capitale castillane (loin des nationalistes catalans…), scandant « La tortura no es cultura » (« La torture n’est pas de la culture »), et prouvant ainsi que le vote des Catalans n’est pas « politique », c’est-à-dire qu’il ne vise pas juste à « embêter » le gouvernement espagnol, ce que prétendaient les conservateurs…

28 juillet 2010. Vote du Parlement catalan. Résultat : 68 voix pour l’abolition, 55 contre, 9 abstentions. C’est gagné !

1er janvier 2012. La corrida est hors la loi dans cette région, la Catalogne devenant la deuxième région d’Espagne, après les Canaries, en 1991, à interdire la torture tauromachique.

Février 2014. Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU s’oppose officiellement à la présence et à la participation des enfants lors des corridas.

4 octobre 2016. Le tribunal constitutionnel de Madrid, saisi par le PP (Partido popular, conservateur), a voté l’annulation de la loi promulguée par le Parlement catalan. Info qu’il a démentie dans un premier temps, pour finalement la confirmer jeudi 20 octobre, faisant la joie du PP, qui considère que c’est une victoire hautement politique. La démocratie s’était pourtant exprimée plus de six ans plus tôt. Pour Marta Esteban, présidente de la plate-forme LTNEC, La Tortura No Es Cultura, c’est comme si le tribunal avait « annulé la volonté populaire ». Elle ajoute qu’« il s’agit d’un attentat contre la plus haute expression de la démocratie, qui nous fait honte une fois de plus devant le monde entier. Une mesure politique, prise par un tribunal constitutionnel dont l’impartialité a été mise en cause dans de nombreuses occasions. Le temps prouvera que la volonté populaire ne peut être atteinte et que les corridas ne reviendront pas en Catalogne ». Le gouvernement catalan a déclaré qu’il ne se soumettrait pas à la décision du tribunal constitutionnel, car « nous voulons un pays où il ne soit pas possible de faire de la souffrance et de la mort d’un animal un spectacle public » (lavanguardia.com du 20 octobre 2016). LTNEC va travailler avec Prou ! afin que la démocratie soit de nouveau respectée.

Cette annulation, six années plus tard, est probante. Elle montre que les abolitionnistes font de plus en plus peur, et que la corrida et les débiles « jeux taurins » seront bientôt à leur vraie place : dans les oubliettes du passé. On va s’y employer. ABOLITION !
Luce Lapin

Photo LTNEC