Corine Pelluchon : l’humanité sinon rien
Depuis déjà un bon paquet d’années, on s’éloigne de plus en plus de l’esprit de la « mémère à chien-chien », et c’est une bonne chose.
Cela dit, même si elles nous agacent, on peut aussi être touché par ces mémés-là, qui, en comparaison avec les nombreux tortionnaires existants, ne font de mal à personne en se faisant plaisir à elles. Et les chiens en survivent… généralement — je m’amuse. Mais « aimer les animaux » de cette seule façon ne suffit évidemment pas à les protéger. À l’heure où le regard sur nos « frères inférieurs » commence enfin à se modifier, grâce notamment aux associations de protection animale, cette avancée demeure insuffisante, tant le boulot qui reste encore est énorme. Car il n’y a qu’une façon, et une seule, de les considérer et de respecter, au sens propre du mot, leur existence.
Ce Manifeste animaliste (Alma Éditeur) tient en une centaine de pages. Tout y est développé, énoncé clairement, rassurant pour les trouillards spécistes qui craignent, ô sacrilège, imaginez, que les animaux ne soient considérés comme « leurs égaux ». Pas de panique ! On est bien d’accord, inutile de compter sur eux pour démontrer le théorème de Pythagore — sur moi non plus, d’ailleurs.
Égaux, nous le sommes, certes, par ce que nous éprouvons — la faim, la soif, le froid, la chaleur, l’angoisse, le stress, la douleur, la peur — et recherchons — l’amour, l’affection, les caresses, la tendresse, tous ces ressentis sont du même ordre. Les animaux ne seront pas pour autant des « citoyens ». Mais, avant tout, pour être prise au sérieux, la cause animale, érigée au juste rang de « cause de l’humanité » par Corine Pelluchon, doit être politisée, c’est incontournable. La philosophe a tout compris, depuis toujours, et ce, bien avant la (très bonne) littérature florissante régulièrement consacrée au sujet. Pour preuve l’émergence, en novembre dernier, d’un Parti animaliste, inédit en France, destiné à pallier le manque et la lâcheté de la classe politique, d’une importance capitale, bien sûr, si tant est que les candidats à la présidentielle et aux législatives, où le Parti animaliste présentera des candidats, s’emparent des divers thèmes dans leurs campagnes respectives. Et c’est pas gagné. On ne peut pas dire, selon l’expression consacrée, qu’ils « se bousculent au portillon »… Allez, un peu de courage !
Luce Lapin