Poulets en batterie : sacrifiés sur l’autel du dieu Malbouffe
On parle souvent du terrible sort des poules pondeuses, mais les poulets élevés pour la consommation sont-ils mieux traités ? Peut-on, pour eux, parler de « bien-être animal », durant leur courte vie ?
Aucune législation spécifique à l’élevage des poulets destinés à la consommation n’existe actuellement dans les pays de l’Union européenne. Du fait d’une sélection génétique et d’une alimentation enrichie, les poulets de chair industriels atteignent leur poids d’abattage deux fois plus vite qu’il y a trente ans. Leurs muscles grandissent rapidement, mais la structure des pattes, le cœur et les poumons ne suivent pas la même croissance. Les pattes fléchissent sous le poids surdimensionné du corps. Des millions d’entre eux souffrent de douloureuses déformations des pattes, voire de paralysies. Les fortes densités dans les élevages provoquent boiteries, ampoules, brûlures et infections à la poitrine et aux pattes — maladies liées à la promiscuité. Les poulets boiteux sont parfois incapables d’atteindre les mangeoires et les abreuvoirs, beaucoup meurent de faim et de soif. Du fait de cette morphologie anormale, ils ne seraient de toute façon pas viables à l’âge adulte. Les parents sont affamés. Pourquoi ? C’est simple — façon de parler.
Si, dans le monde merveilleux des poulets de chair (abattus à 40 jours), les oiseaux sont faits pour manger vite, grossir vite et partir vite à l’abattoir, en revanche, leurs parents, eux, sont élevés pour atteindre la maturité sexuelle (5 mois) et se reproduire. S’ils grossissent trop vite, ils seront tellement énormes qu’ils mourront avant d’être en âge de faire des petits, ou bien ils se révéleront infertiles… C’est pourquoi ils sont « au régime ».
Êtres sensibles ressentant la peur et la souffrance, entassés par dizaines de milliers dans des hangars, malades d’infections et de paralysies en tout genre, ils garantissent, miracle du marché, une « barquette-poulet-souffrance » à bas prix au consommateur. Au bout du chemin, au bout du compte, leur misérable et courte vie, celle d’un oiseau de rien du tout, de milliers, de millions d’oiseaux de rien du tout, n’aura rien valu.
Aujourd’hui, il est prouvé que l’on peut s’alimenter sans avoir besoin de consommer de cadavres d’animaux — transformés en « viande » — pour rester en bonne santé. Le règne végétal offre protéines, fer, calcium, vitamines — hormis la B12, indispensable, mais qui existe sous forme d’ampoules ou de comprimés. Ne soyons pas complices de cette boucherie !
Luce Lapin
Photos « piquées » à L214 (merci !)