1985-2015 : Greystoke, 30 ans déjà

1985-2015 : Greystoke, 30 ans déjà

Sur les murs de l’animalerie, la célèbre maxime de Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »

Dans la nuit du 31 mars au 1er avril de cette année-là, le « commando Greystoke » — comme il fut à l’époque surnommé par les médias dans l’intention de le rendre impopulaire —, groupe d’« écoterroristes » avant l’heure mené par Patrick Sacco, enleva 17 babouins du CNRS de Gif-sur-Yvette (91) afin de dénoncer la cruauté et l’inutilité de l’expérimentation animale. « Sur la tête des singes, une calotte en résine vissée sur les os crâniens, laissant le crâne à vif, bourrée d’électrodes plongeant dans diverses zones du cerveau, servait aux chercheurs d’“objet” d’étude à l’épilepsie photosensible », raconte Sacco, aujourd’hui président de l’association Respectons (respectons.org). Les babouins furent conduits au refuge de l’Arche (dans la Mayenne), et délivrés de leur appareillage mutilant. Un an plus tard, sept des membres de Greystoke sont arrêtés, sur dénonciation anonyme. Mais, devant la pression médiatique, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) renonce à récupérer son « matériel d’expérimentation ». Les babouins — du moins ceux-là… — sont sauvés. Un seul est encore vivant aujourd’hui. Patrick Sacco et quelques-uns de ses camarades sont condamnés à payer à vie une forte amende.

Pendant plusieurs années, de grosses sommes sont donc prélevées  sur le compte bancaire des « coupables ». Juillet 2007, rebondissement. À la suite de l’intervention du député de Côte-d’Or, le directeur général du CNRS accepte de ne pas faire procéder aux poursuites de recouvrement de la créance. Mais l’expérimentation animale est toujours obstinément et cruellement pratiquée, alors qu’il existe des méthodes non animales fiables et probantes, ne mettant pas en danger la vie des humains, puisque, comme le rappelle Antidote Europe (antidote-europe.org), « l’animal n’est pas le modèle biologique de l’homme ». Quel espoir néanmoins en Europe pour les quelque 12 millions d’animaux, dont plus de 2 millions en France, livrés aux mains des expérimentateurs dans le silence des labos ? À venir le témoignage de Patrick Sacco.

A.L.F., le film. Le « commando Greystoke » a inspiré l’excellent long métrage A.L.F., Animal Liberation Front (en salles en novembre 2012), de Jérôme Lescure (entretien avec le réalisateur ici).
Luce Lapin