L214 : enquête après enquête…

« Plus de quarante cadavres de vaches et de veaux à tous les stades de décomposition ont été retrouvés dans les bâtiments, parmi les animaux vivants, et aux abords des stabulations. Des cadavres sont empilés, formant des amas de squelettes entiers, d’ossements et de corps encore distincts en putréfaction. »

« Sévices graves et délit d’abandon », tels sont les motifs de la plainte qu’a déposée L214 Éthique & Animaux auprès du tribunal judiciaire de Chaumont, après avoir, le 22 février, mis au jour les images d’un charnier de vaches allaitantes, découvert en Haute-Marne (Grand Est), dans la commune de Praslay, et demandé le placement de ces animaux1.

Les enquêtes de L214 se suivent et, douloureusement, se ressemblent – dans ce qui me semble une quasi-indifférence générale Effectivement, à part ceux que l’on nomme « les animalistes » – qualificatif réducteur, alors qu’il devrait être rassembleur –, qui s’en soucie ? Et n’employons pas non plus l’expression « amoureux des animaux », car, non seulement, elle ne veut rien dire, mais sous-entend un sentiment amoureux, inapproprié – les mots ont un sens. On me souffle dans l’oreillette que je vais me faire des ennemis. Ah bon.

Oreillette ? C’était un nom propre, au dernier Salon international de l’agriculture (SIA 2024). Le sien, celui d’une vache laitière normande de 5 ans « égérie » de cette année. Un climat d’une grande violence pour des animaux qui, tout juste débarqués après un long voyage, sont parqués dans de minuscules enclos. À tel point que, le premier jour, « face à la tension générée par la venue d’Emmanuel Macron », entre CRS et manifestants, certains ont dû être « exfiltrés » – terme employé par des journalistes. Et j’en viens à l’image, marquante pour moi, montrant le président de la République caressant longuement et distraitement Oreillette… tout en regardant avec insistance la caméra qui immortalisera son geste et lui attirera la sympathie. Puis de poser, un agneau terrifié dans les bras.

Comme les autres, Oreillette, lorsqu’elle ne sera plus « rentable », finira sa courte vie dans un abattoir. En cause, l’élevage intensif, avec ses nombreux retraits d’animaux, auxquels doit faire face l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (oaba.fr), car, je le rappelle, il n’y a toujours pas de fourrière pour ceux dits « de ferme » :

« L’OABA [sur X, 26 février, ndlr] est bien partie pour dépasser de nouveau ses précédents records : nous allons bientôt atteindre les 500 animaux pris en charge rien que sur ces deux premiers mois de 2024 ! Quand cela va mal pour les éleveurs, cela va mal pour les animaux. La crise agricole ne fait pas que des victimes humaines (et n’excuse pas tout) ! »
Luce Lapin

  1. Vidéo et pétition sur l214.com/enquetes/2024/vaches-de-praslay