Covid-19 : l’« effet abattoir »

Covid-19 : l’« effet abattoir »

À ce jour, mercredi 20 mai, 109 employés d’abattoirs ont été infectés, et leur nombre va probablement augmenter dans les semaines à venir, au fur et à mesure que de nouveaux tests seront effectués.

Chaque jour, en France, 3 millions de mammifères et d’oiseaux sont abattus pour la consommation. Trois millions !

Connaît-on les causes de cette propagation dans ces lieux de violence et de souffrance qui donnent la mort à des êtres sensibles qui ne demandent qu’à vivre leur vie ? C’est ce que j’ai demandé à Jean-Pierre Kieffer, président de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs, et à son directeur, Frédéric Freund :

« À vrai dire, on ne sait pas grand-chose. Ce qui est certain, c’est que le cas n’est pas franco-français, puisque des abattoirs américains, allemands et australiens sont également touchés. Il y a donc bien un “effet abattoir”. Reste à déterminer la cause de contamination. Deux hypothèses :

1. Le virus est présent sur des employés, et la promiscuité au travail (difficile de respecter les gestes barrières en abattoirs) en permet la transmission. L’atmosphère humide sur la chaîne de traitement des carcasses la favoriserait également (effet aérosol).

2. Le virus est importé dans les abattoirs. Là, on vise évidemment les camions de transport, qui parcourent des centaines de kilomètres, qui brassent les animaux aux origines diverses et aux multiples contacts (éleveurs, marchés, transporteurs). Le virus peut être présent sur les portes et barrières des camions et se retrouve sur les barrières des quais de déchargement des abattoirs.

Ne pas oublier que, lors du confinement, les bétaillères circulaient librement, car il fallait bien assurer l’autonomie alimentaire du pays. On a d’ailleurs vu que le régime “végé” en période de crise n’était pas privilégié… Et, actuellement, la limite des 100 km ne s’applique nullement aux bétaillères.

Il serait temps de concilier protection animale et sécurité sanitaire en imposant un abattage dans la région d’élevage ! »

L’OABA a déjà pris en charge 843 animaux depuis le début de l’année. Toujours en plein confinement, l’OABA a récemment effectué trois sauvetages supplémentaires, soit 220 animaux maltraités, affamés, certains mourants. «Moutons, chèvres, cochons, oies, canards, pigeons, dindons […], vaches enfermées dans un bâtiment débordant de déjections […], des veaux maigre ». Des cadavres parmi eux.
Luce Lapin