Abandons à Beauregard : « Je vous le laisse », « Je vous le donne »…
Des nouvelles de ce refuge situé à Saint-Éloi, près de Nevers, que sa présidente actuelle, Laurence Chamberland, avait repris après la mort de sa mère.
Qu’est-ce qui a changé depuis notre dernier entretien, en août 2012 ?
Pas grand-chose, malheureusement. Ceux qui abandonnent nous chantent toujours le même couplet, il résonne à nos oreilles comme un vieux disque usé ! Ils n’emploient d’ailleurs jamais le verbe « abandonner », ils disent : « Je vous le laisse », « Je vous le donne »…
Y a-t-il plus ou moins d’abandons de chiens ou de chats ?
Notre capacité pour les chiens est de 49, et nous la dépassons largement. Il y a encore beaucoup plus de chats abandonnés. À noter que le chat ou la chatte que l’on nous dépose n’appartient jamais à la personne qui l’amène, même s’il le ou la nourrit depuis plusieurs années ! Les chats arrivent souvent dans des états lamentables.
Des améliorations au refuge ?
Nous n’avons pas pu faire de travaux depuis deux ans, faute de moyens, mais les idées ne manquent pas.
Combien avez-vous d’employés, et quel est le rôle de chacun ?
Nous avons six salariés en ce moment, et ce n’est pas de trop. Quatre jeunes filles s’occupent exclusivement de nos 100 chats, un homme est chargé des chiens et une autre personne de l’administratif et de l’accueil. Cinq sont intégralement payés par le refuge, le sixième est en emploi aidé (75 % du salaire et des charges sont assurés par l’État).
Peut-on dire que les jours passent et se ressemblent à Beauregard ?
Oui, du moins dans le sens où l’on ne sait jamais comment va se dérouler la journée. Elle peut être longue et sans aucun visiteur, ou mouvementée, avec beaucoup de personnes intéressées par l’un de nos pensionnaires, mais qui repartent en disant qu’ils vont réfléchir. On sait très bien que c’est une façon polie de nous dire qu’ils n’adopteront pas : ceux-là, on ne les revoit jamais. Et, parfois, l’adoption inattendue, le miracle pour l’un d’entre eux. Celui qui attendait depuis si longtemps voit son destin basculer en quelques minutes. Souvent, il ou elle a été repéré(e) sur notre site, et les futurs adoptants n’hésitent pas longtemps. Ils sont là pour ce chien ou ce chat, son âge et son apparence importent peu… Vivre dans un refuge, c’est pouvoir « avaler » de très grandes peines et de très grandes joies dans la même journée.
Toutes vos chatteries ont le chauffage. Où en êtes-vous de votre grand projet : des box chauffés pour tous les chiens à Beauregard ?
Nous économisons le moindre centime, mais malgré tout il nous manque encore une somme conséquente. Les devis s’élèvent à 150 000 euros et un tiers de ce budget nous fait défaut. En ce temps de « crise », les donateurs sont encore moins nombreux.
Que souhaiteriez-vous réaliser absolument dans l’avenir ?
Depuis vingt-cinq ans, ce qui me tient le plus à cœur, ce sont les box chauffés justement. Difficile de s’endormir sous sa couette bien au chaud quand on les sait grelottant dans leur box…
Êtes-vous sensibles aux autres combats (contre la corrida, la chasse, l’expérimentation animale…) ?
Oui, bien sûr. Nous relayons beaucoup à ce sujet sur notre forum ou notre compte Tweeter. Nous avons accueilli dernièrement quatre beagles (tous placés) et attendons trois golden retrievers courant avril, tous sortis d’un laboratoire par l’intermédiaire du GRAAL.
La « vie » des animaux de cirque me fend particulièrement le cœur.
Propos recueillis par Luce Lapin
9 avril 2014
Pour aider le refuge de Beauregard, vous pouvez parrainer un chien ou un chat (ou les deux !), opter pour le prélèvement permanent (à partir de 5 euros par mois) ou envoyer des dons pour des box chauffés (le préciser). Renseignements : http://refugebeauregard.forumactif.com. Vous pouvez également les suivre sur Twitter
Et, tout aussi important : ADOPTEZ ! Les chats FIV ne sont pas euthanasiés, ils sont logés séparément et vous attendent. Merci pour eux !
[EasyGallery id=’refugedebeauregard’]