Cruauté dans les manades
Vous entendrez peu parler du « bistournage ». Il s’agit de la castration « à vif », pratiquée à la pince, des taureaux destinés à la course camarguaise, ou bouvine.
Il se pratique régulièrement dans l’Aude, les Bouches-du-Rhône, le Gard, l’Hérault et le Vaucluse, malgré le combat mené depuis plus de dix ans par l’Alliance anticorrida et l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs.
L’« opération » a lieu « en présence d’amateurs et d’amis de l’éleveur », remarque Claire Starozinski, présidente fondatrice de l’Alliance. Invités « à la fête », en quelque sorte. Le taureau est « entravé et immobilisé ». Les porcelets et les chapons, également castrés sans anesthésie, partagent la souffrance de ces bovins.
En un peu plus de dix ans, les deux associations ont échangé maints courriers avec les ministères de l’Agriculture, l’ex-Direction des services vétérinaires, ou DSV, et l’actuelle Direction départementale de la protection des populations, la DDPP, qui ont appelé à pratiquer l’anesthésie – en présence d’un vétérinaire.
Même si la camarguaise n’est pas comparable à la corrida, la frontière est proche. Les taurins le disent et le revendiquent eux-mêmes : « Il n’y a qu’une tauromachie, celle d’un peuple passionné, celui du taureau. Il doit rester uni. » « Belle image de cette union que la photo de famille réunissant les toreros, raseteurs et éleveurs » (La Provence, 20 mars 2016). Courses landaise, camarguaise, corrida : toutes les sortes de tauromachie se tiennent et se soutiennent.
Des manadiers devant la justice
L’Alliance anticorrida et l’OABA ont interrogé le Conseil national de l’ordre des vétérinaires, qui devrait donner un avis fin mars. Elles ont par ailleurs déposé une plainte contre deux manadiers auprès des procureurs de la République de Nîmes et de Tarascon. En accusation devant un tribunal, c’est là qu’est leur place.
Luce Lapin