La corrida entre à l’Élysée

Petit come-back – en bon français, « retour en arrière ».

De 2009 à 2012, Frédéric Mitterrand est ministre de la Culture et de la Communication des gouvernements François Fillon 2 et 3, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. En avril 2011, l’énarque Philippe Bélaval, alors directeur général des Patrimoines, membre fondateur de… l’Observatoire national des cultures taurines (ONCT), inscrit en douce, sans en avertir le ministre, la corrida à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France. Au même titre que « la tarte Tatin, le fest-noz, la tapisserie d’Aubusson, les parfumeurs de Grasse »…

Frédéric Mitterrand se dit stupéfait !

Heureusement, Bélaval échouera, grâce aux associations de protection animale – et plus particulièrement au Crac Europe pour la protection de l’enfance et à Droits des animaux, ensemble vent debout dans une bataille juridique.

Une époque que n’a sans doute pas oubliée Frédéric Mitterrand, qui se disait (à juste titre…) « harcelé » par les militants anticorrida à chacun de ses déplacements, sans comprendre pourquoi. Il était probablement de bonne foi, si l’on en croit ce qu’il écrivit dans La Récréation (éd. Robert Laffont, octobre 2013) : « Stupéfaction ! Une obscure commission du ministère dont je ne soupçonnais même pas l’existence vient d’inscrire la tauromachie au patrimoine immatériel de la France […]. »

Après dix années passées à diriger le Centre des monuments nationaux (CMN), Philippe Bélaval vient d’être nommé conseiller à la Culture de l’Élysée, donc directement auprès d’Emmanuel Macron, dont il est proche. Profiter de la réforme des retraites, et de la juste indignation qui s’ensuit, pour faire passer cette nomination, c’est bien vu…

Mais comme l’actualité peut être farceuse ! Une proposition de loi « visant à interdire les corridas et les combats de coqs en présence de mineurs de 16 ans », du docteur vétérinaire Arnaud Bazin, sénateur LR du Val-d’Oise, une autre, « protéger les mineurs de l’exposition à la violence exercée sur les animaux », de Samantha Cazebonne, Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants, ont été déposées au Sénat. Tous les chemins détournés peuvent mener à l’abolition… Soutien à eux !
Luce Lapin