Abattoirs : quels contrôles ?
Tout à fait légitime pour visiter ces lieux de mort, l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs avait cependant de plus en plus de mal, ces dernières années, à y mener à bien sa mission. Un changement est-il envisageable aujourd’hui, après les cruautés exercées aux abattoirs d’Alès, le Vigan et Mauléon-Licharre ? Le point avec Frédéric Freund, directeur juridique de l’OABA.
Les nouvelles mesures prises par Stéphane Le Foll vont-elles vous permettre d’y avoir de nouveau accès ?
Le ministre de l’Agriculture a précisé qu’il n’était pas opposé à la présence d’ONG spécialisées de protection animale dans les abattoirs, selon des modalités qu’il convient de définir par convention et qui devront faire consensus. Les ONG y sont favorables, le ministère également. La balle est désormais dans le camp des fédérations d’abattoirs. Comme l’OABA l’a précisé lors de la réunion du CNOPSAV — Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale — du 5 avril, présidée par le ministre, si ces ONG ne peuvent avoir accès aux abattoirs, il ne faudra pas s’étonner de la pérennisation des actions médiatiques… Mais n’oublions pas le principal. Pour l’OABA, ce sont surtout les formations des opérateurs d’abattoirs qu’il faut renforcer. Avec un volet pratique indispensable. Une formation en « conditions réelles », et plus seulement assis derrière un bureau !
Stéphane Le Foll serait opposé à la vidéosurveillance dans les abattoirs. Qu’en est-il ?
Le ministre ne l’a pas rejetée, il a précisé qu’il était réservé. En réalité, il faut clarifier le sort des images et des personnes habilitées à les visionner. Du côté des fédérations d’abattoirs, c’est partagé : certains ne sont pas contre (certains abattoirs sont déjà équipés ou vont s’équiper), d’autres refusent… Mais alors que les ONG et les fédérations d’abattoirs demandent une surveillance continue du poste d’abattage, le ministre répond qu’il n’a pas les moyens budgétaires nécessaires pour placer un vétérinaire inspecteur à chaque poste. Les caméras nous semblent dès lors incontournables !
Quelles nouvelles interventions avez-vous faites récemment ?
Après plus de 1 300 animaux confiés notre association en 2015, l’OABA a déjà accueilli, sur le premier trimestre 2016, plus de 250 animaux. Les appels continuent, puisque 90 bovins doivent être pris en charge par l’OABA à la mi-avril et deux autres élevages en difficulté, avec un probable retrait des animaux, nous sont déjà signalés par les préfectures concernées… Les animaux sont les premières victimes de la crise agricole. Ne l’oublions pas !
Propos recueillis par Luce Lapin
Nota bene. Après avoir réfléchi sur la possibilité d’équiper les abattoirs de vidéosurveillance, le ministre a fini par ne pas y donner suite, sous prétexte que leur installation serait trop onéreuse…