Lettre de Nicolino à une petiote

Lettre de Nicolino à une petiote

Pesticides, perturbateurs endocriniens, huile de palme, sans oublier le sucre, ou plus exactement les sucres, le sel, le gras et autres saloperies potentiellement cancérogènes, sinon nocives à notre organisme, les humains vont bien réussir à se détruire et à détruire ce qui leur a été offert par Dame Nature, et qu’ils ne méritent pas : la planète Terre.

Ces prédateurs, les pires qui existent, auront auparavant répandu des « fleuves de sang » dans des lieux nommés abattoirs — ceux de Chicago, 1893, « immonde boucherie ». Nicolino extrait un passage significatif d’Outre-mer, récit qu’un certain Paul Bourget a rapporté d’Amérique fin XIXe :

« Nous entrons dans une salle immense où flotte une vapeur d’étuve, mêlée d’une âcre et fade senteur qui nous prend à la gorge. Nous sommes dans le département réservé au dépeçage des porcs. […] nous voyons passer devant nous des files de porcs qui glissent, les ventres ouverts, leurs pattes de derrière pendues à une tringle le long de laquelle ils roulent d’un côté d’une voûte où d’autres bêtes attendent par d’innombrables files. » Pour Fabrice Nicolino, un coup d’accélérateur à l’industrialisation de la bouffe venait d’être donné.

Cette « poussinette » qui a « juste trois ans », et à laquelle s’adresse cette Lettre, il aimerait tant la « voir grandir et prospérer et enterrer tous ces tordus qui ont fabriqué le meilleur des mondes », alors il lui raconte ce qui fut, mais aussi ce qui sera pour elle. Il lui entrouvre la porte vers d’autres voies, car il y en a, et plus d’une, pour éviter le chaos. Nicolino se veut didactique, bien sûr, mais pas seulement. En tout dernier lieu, il fait un choix, celui de l’optimisme, et par là même un cadeau à la petiote, en lui donnant les clés du futur — « Non, non et encore non, tout n’est pas perdu […] » — tant est énorme la responsabilité, la sienne, d’avoir contribué à apporter un être humain supplémentaire au monde, dans ce monde.

À lire avec émotion, à dévorer même, sans inquiétude : Nicolino, c’est que du bio.

• Lettre à une petiote… (Octobre 2017.)