À la niche, la corrida !
Enfin une ! Et une grande surprise, car, contrairement à la proposition de loi de Michel Larive, dont je vais vous parler dans un second temps, celle-ci est inattendue — mais bienvenue !
Donc la première « proposition de loi visant à mettre fin à la corrida en France, présentée par M. Philippe MICHEL-KLEISBAUER, député », de cette XVe législature a été enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale le 21 mars. Un seul article à cette PPL : « Le septième alinéa de l’article 521-1 du code pénal est supprimé. » Et ce, « Sans qu’il soit utile d’en dire plus ».
Effectivement, cette suppression suffirait à interdire la corrida, où elle est tolérée dans le Sud, au titre de l’« exception culturelle », ce qui est une ineptie – la torture à l’arme blanche d’un bovin, puis sa mise à mort au terme de vingt minutes n’ayant évidemment rien de « culturel », et également les combats de coqs dans le Nord, qui dépendent de ce même alinéa 7. Au fait, pourquoi une corrida dure-t-elle en moyenne vingt minutes, le savez-vous ? Eh bien, parce qu’il ne faut pas plus de temps au taureau, qui n’est pas idiot, pour comprendre que ce n’est pas sur la muleta rouge qu’il faut foncer, mais sur le crétin ridicule qui l’agite.
Instruments de torture (photo AnimaNaturalis)
Dans la précédente législature, il y eut sept propositions de loi concernant la corrida : cinq pour l’abolition, une pour l’interdiction de l’entrée aux arènes aux moins de 14 ans, une autre aux moins de 16 ans. Aucune n’a été mise à l’ordre du jour des débats à l’Assemblée nationale. Pour ce faire, il eût fallu que les présidents des groupes politiques concernés acceptent d’utiliser une de leurs niches parlementaires afin de proposer leurs PPL au vote, ce qui ne fut jamais le cas. Or Philippe Michel-Kleisbauer, député du Var, majorité présidentielle, est vice-président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale. Espérons qu’il soit suffisamment proche du président, Marc Fesneau, pour le convaincre de lui laisser une petite niche pour l’abolition…
L’une n’empêchant pas l’autre, seconde bonne nouvelle ! Le 1er février, Michel Larive député La France insoumise de la 2e circonscription de l’Ariège, avait, dans une question au gouvernement, attiré « l’attention de Mme la garde des sceaux, ministre de la justice sur les mineurs qui assistent aux spectacles tauromachiques sanglants, à savoir la corrida espagnole et la corrida portugaise, [et qui] encourent des conséquences néfastes, comme les effets traumatiques ou l’accoutumance à la violence. » Il avait également rappelé que « le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU a demandé […] d’interdire l’accès des enfants aux spectacles de tauromachie ou à des spectacles apparentés ».
Vendredi 16 mars, M. Larive a déposé1, à la suite d’une réunion avec CAP, Convergence Animaux Politique – une structure d’action politique particulièrement efficace, au service de 28 associations de protection animale –, une PPL interdisant l’accès aux arènes aux moins de 14 ans.
Une question que cette proposition de loi ne soulève pas, mais qui tombe sous le (bon) sens. Les « écoles » de tauromachie espagnole2, ou écoles taurines, où l’on apprend à des enfants, à partir de 8 ans, non pas les fables de La Fontaine, mais à donner la mort à des bovins, ne seraient-elles pas, pure logique, obligées de revoir à la hausse l’âge d’inscription ?
ABOLITION !
Luce Lapin
1. Enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale le 22 mars.
2. Les plus connues : celles de Nîmes, Arles et Béziers, et c’est… en France !