EELV : anticorrida à Paris… pro à Nîmes ?

EELV : anticorrida à Paris… pro à Nîmes ?

Manifeste du CRAC Europe pour la protection de l’enfance :

« Nous, soussignés, considérant que l’existence et la recrudescence de la barbarie tauromachique ne sont pas dignes d’un pays civilisé et sont en contradiction avec l’esprit républicain et démocratique, demandons l’abrogation de l’alinéa 7 de l’article 521.1 du Code pénal [il concerne également les combats de coqs dans le Nord, LL], qui tolère que des sévices graves et des actes de cruauté soient infligés à des animaux sous couvert de tradition locale. La pratique tauromachique est en contradiction totale avec le principe d’une république une et indivisible, puisque ce qui est réprimé par une amende de 30 000 euros et par deux ans de prison sur l’essentiel du territoire français est permis par la loi sur une petite partie du sud de la France […]. »

Julien Bayou, secrétaire national d’Europe Écologie – Les Verts, élu à plus de 90 % samedi 30 novembre 2019 au Congrès fédéral d’EELV, avait-il bien lu ce qu’il a signé lorsqu’il était conseiller régional d’Île-de-France ? Et si, oui, l’a-t-il oublié ? Ne pas se positionner contre la corrida, c’est encourager son maintien. Déclaration de Daniel Richard, candidat aux municipales de Nîmes :

« […] j’ai toujours eu un respect, qui me vient de mon grand-père, de cette tradition populaire. Et légale ! […] Le problème de la corrida se radicalise trop. […] ceux qui aiment y vont, ceux qui n’aiment pas n’y vont pas » (La Gazette de Nîmes, 10-16 octobre 2019). Soutien affirmé du nouveau patron d’EELV sur France Info (30 novembre 2019) : […] la priorité c’est l’écologie, donc ça peut être un membre d’EELV, mais à Nîmes nous sommes fiers de soutenir l’ancien président du WWF [Daniel] Richard […] » Alors que près de trois quarts des Français veulent en finir avec cette barbarie. Quelle crédibilité pour EELV ? Le Parti animaliste a, quant à lui, contourné depuis le problème en présentant sa propre liste pour les municipales.

« La condition animale sera au centre de notre action politique à Paris », a déclaré le candidat EELV David Belliard pour les municipales, rejoint, le 8 janvier, par le Parti animaliste – ce qui, en « d’autres temps », serait plutôt une bonne nouvelle. Seulement voilà, la fête est gâchée. Qu’en est-il à Nîmes ? Daniel Richard, soutenu par EELV, n’est ni pour la corrida, ni contre, puisque, je le redis, pour lui, « ceux qui aiment y vont, ceux qui n’aiment pas n’y vont pas ». Cohérence…

Être anticorrida à Paris, c’est facile. Ne pas se déclarer pour son abolition à Nîmes, c’est la cautionner. La commission Condition animale d’EELV est abolitionniste, pour la France comme pour l’Europe. Quel poids aura-t-elle face au « grand chef » ? Julien Bayou fera-t-il preuve de courage politique, demandera-t-il à Daniel Richard de modifier sa déclaration, sinon le désavouera-t-il ? Cela n’en prend pas le chemin…
Luce Lapin
21 janvier