Ça crame, ça crève
Argelès-sur-Mer, Banyuls-sur-Mer, Cerbère… Une fois de plus, les incendies, qui ont récemment calciné quelque 1 000 ha dans les Pyrénées-Orientales, exacerbés par une sécheresse extrême, sont probablement d’origine humaine.
Chaque hectare disparu est une catastrophe écologique qui vient s’ajouter aux nombreuses déjà existantes, mettant un peu plus à mal la biodiversité. Ce sont les premiers feux de l’année en France, de plus en plus tôt, mais pas les premiers en Europe. En effet, le 24 mars déjà, en Espagne, dans la région de Valence, quelque 4 000 ha avaient été consumés.
Incendies : c’est juste le début…
Cervidés, oiseaux, insectes, mammifères, batraciens, reptiles, et les poissons qui agonisent dans l’eau bouillante… les habitants de la forêt sont brûlés vifs. Indissociés du nombre d’hectares partis en fumée. Oubliés. Négation de leur souffrance de la plupart des médias. Dans un avenir plus ou moins proche, ce sera inutile de continuer à se battre pour l’interdiction de la chasse, il n’y aura plus aucun animal à tuer dans les forêts. Ils auront tous cramé.
Luce Lapin
« Un printemps (presque) silencieux » pour Marc Giraud, qui a fait des observations alarmantes :
Naturaliste de terrain, je constate comme beaucoup d’autres la raréfaction lente, mais constante, de la vie autour de nous. D’habitude, ça vrombit autour des haies de prunelliers, c’est là que je réalise mes plus belles photos de printemps. Mais cette année plus que jamais, les insectes ont manqué. Pas un papillon, pas un bourdon, pas une abeille, pas une mouche sur la plupart des haies en fleurs. Autour, le rossignol chante encore, mais que donnera-t-il à manger à ses petits ?
Non loin des haies désertées, près de chez moi, je trouve des haies dévastées : les services de RTE (Réseau de transport d’électricité) ont tout saccagé sous les lignes. Toute la végétation, en pleine saison de nidification ! Le courant passe, les oiseaux trépassent. On se fout du vivant, et on accélère sa disparition. Rachel Carlson a publié Printemps silencieux en 1962, René Dumont a brandi son verre d’eau en 1974, et ceux qui se battent pour la nature sont encore traités d’Amish ou d’écoterroristes.
Jusqu’à quand ? « Il est trop tôt pour savoir s’il n’est pas trop tard », disait Pierre Dac, mais là, ça n’est plus de l’humour. La solution ? Se battre !
Marc Giraud