Grenouilles ou pesticides ?
Foie gras (gavage des canards et des oies), chapons (castrés sans anesthésie), huîtres et oursins (mangés vivants), escargots (que l’on fait « dégorger »), homards (plongés dans l’eau bouillante)… sont les mets préférés des « fêtes ».
Un batracien également, la grenouille, très et trop souvent oubliée. Et pourtant, son calvaire est réel. Vous l’ignoriez peut-être, alors sachez qu’on coupe aux ciseaux, haches ou couteaux, sans anesthésie, les fameuses « cuisses de grenouille », alors qu’elles sont vivantes. En dehors de la cruauté de cette pratique, c’est un désastre écologique, que dénoncent conjointement l’association française Robin des bois (robindesbois.org) et l’allemande Pro Wildlife (prowildlife.de).
En effet, les grenouilles sont capturées loin de nos étangs et marais, explique Charlotte Nithart, présidente de Robin des bois. Elles proviennent en grande majorité (80 %) d’Indonésie, de Turquie et d’Albanie. « Notre campagne montre les nombreux problèmes causés par un plat consommé dans l’insouciance. Là où les grenouilles manquent comme moyen naturel de lutte contre les insectes, l’utilisation de pesticides augmente », ajoute la biologiste Sandra Altherr (Pro Wildlife).
Ce sont 100 millions de cuisses de grenouilles qu’importe, chaque année, la France.
La campagne « La grenouille dans votre assiette », diffusée par Robin des bois et Pro Wildlife sur les réseaux sociaux, a pour objectif d’informer de ce qu’elles subissent, et les conséquences pour la biodiversité de ce « plat consommé dans l’insouciance ».
Un autre mets à « déguster » durant ces fêtes – qui ne le sont pas pour tout le monde : de jeunes cerfs, appelés daguets. La dernière enquête de L214 Éthique & Animaux, révélée le 14 décembre, a montré des abattages pratiqués « dans des conditions moyenâgeuses. […] Après avoir été ligotés, des cerfs sont égorgés tout en étant maintenus par deux personnes au-dessus d’un bidon qui se remplit de sang au fur et à mesure des mises à mort », m’écrit dans un mail Sébastien Arsac, cofondateur, avec Brigitte Gothière, de L214 et directeur des enquêtes. Les cerfs étaient toujours conscients, alors qu’ils avaient été étourdis. Ou, plutôt, mal étourdis…
Le lieu : l’élevage La Ferme des cerfs, à Courbeveille (53). L214 a demandé à la préfète de Mayenne la fermeture immédiate de l’élevage et a déposé « plainte pour mauvais traitements auprès de la procureure du tribunal judiciaire de Laval ».
Vidéo et pétition sur l214.com/enquetes/2023/la-ferme-des-cerfs. On diffuse et on signe !
L’Aspas contre-attaque. Fin 2019, l’Association pour la protection des animaux sauvages a racheté le domaine de Valfanjouse, dans le Vercors, un ancien enclos de chasse. Le 10 novembre dernier, Le Chasseur français a mis en ligne un article accusant l’Aspas d’avoir obtenu « un agrément d’élevage », et d’être coupable de… maltraitance animale. Diffamation ! s’est indignée l’Aspas. Mardi 5 décembre, elle a engagé « une action pénale à l’encontre du média Le Chasseur Français ». Elle y réfute les contre-vérités et répond sur son site (aspas-nature.org/laspas-attaque-le-chasseur-francais-pour-diffamation). « En attendant que la justice passe. » On est impatients !
Luce Lapin