Viande : bien saignante, l’hypocrisie
Photo OABA
Petit retour en arrière (pas si lointain) : le 20 février 2013.
Depuis le 7 février, où le « scandale de la viande de cheval Findus » est découvert, treize jours se sont écoulés. 39 millions de mammifères et d’oiseaux, c’est-à-dire 3 millions d’animaux par jour, ont été tués, en France, pour votre consommation, dans nos abattoirs. Dont des chevaux. Ah bon, parce qu’on mange encore, chez nous, « la plus noble conquête de l’homme », on ose ? Eh oui, et même des poulains, des élevages en « produisent ». Chassez donc l’image du petit cheval gambadant joyeusement dans les prés au côté de mère jument —jugée « de réforme » quand elle ne poulinera plus, elle finira en steaks dans vos assiettes. Quant au veau, au bœuf, considérés comme « moins mignons », ils émeuvent encore moins les foules, qui ne voient en eux que la côte, le filet… Quand même, vous laisser le choix de « la bête » que vous souhaitez manger est la moindre des choses, me direz-vous. Car le vrai problème n’est pas dans l’absence de compassion envers les animaux « de boucherie ». Il est dans la « tromperie du consommateur », et ça, c’est très mal, c’est Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, qui l’a dit sur France Inter le 9 février 2013 : « Il est hors de question qu’on puisse tromper le consommateur. » Qui trompe qui, Monsieur le Ministre ?
Mais c’est tous les jours qu’on le trompe, le consommateur, qu’on lui ment, et vous ne vous en offusquez guère. Lui qui, en l’absence de cet étiquetage que vous refusez, mange de la viande d’animaux abattus selon les rites religieux casher et halal, viande dont les morceaux non consommés par les pratiquants se retrouvent dans le circuit de distribution classique. Jusqu’à, nous apprend Frédéric Freund, directeur de l’OABA, Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs, « la certification “Agriculture biologique” délivrée par Ecocert au profit de steaks hachés “halal ” commercialisés par Bionoor sous la marque “Tendre France” », et la réponse stupéfiante de cette société, interrogée par l’OABA : « les viandes conventionnelles ne sont pas sûres, compte tenu de la présence de résidus d’antibiotiques et autres hormones de croissance »… Vous avez dit tromperie ?
Végétarisme et, mieux encore, végétalisme = protéines végétales. Et là, aucune tromperie : on ne mange pas de cadavres. Essayez !
Luce Lapin