Les chasseurs, seuls vrais nuisibles

Par un « arrêté du 3 août 2023 pris pour l’application de l’article R. 427-6 du code de l’environnement […] », le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a publié, vendredi 4 août, la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts, ou Esod, animaux anciennement qualifiés de «nuisibles», malgré 70 % d’avis négatifs.

Certes, les consultations publiques sont obligatoires. Néanmoins, il n’y a aucune obligation d’en tenir compte – c’est vérifié une fois de plus ici. Quel mépris pour les ONG et les citoyens qui s’étaient exprimés avec espoir contre cet énième cadeau aux chasseurs !

Un blanc-seing offert aux tueurs du vivant

Si, par un hypocrite euphémisme, le terme pour désigner les Esod a changé, la réalité est la même : c’est un blanc-seing offert aux tueurs du vivant, qui leur permet de les trucider toute l’année, que ce soit par piégeage ou abattage, et ce, durant trois ans – apparemment renouvelables ad vitam aeternam. Les « sales bêtes » concernées sont les belettes, les fouines, les martres, les renards roux, les corbeaux freux, les corneilles noires, les pies bavardes, les geais des chênes, les étourneaux sansonnets… Grâce au Conseil d’État, et pas au gouvernement, le putois a été enfin retiré de la liste. On s’en réjouit.

Pour l’Association pour la protection des animaux sauvages, « la France de Macron n’a toujours pas compris que c’est en travaillant avec la nature et pas contre elle que nous sortirons par le haut des crises qui touchent le climat et la biodiversité ». One Voice, pour sa part, déclare que,« dans cette affaire comme dans tant d’autres, la chasse est bel et bien un problème mortel ». L’Aspas et One Voice vont saisir le Conseil d’État.
Luce Lapin