Lâchers de condamnés

Lâchers de condamnés

9 faisans sur 10 tués à la chasse proviennent d’élevages

On sait depuis longtemps que les chasseurs font de l’élevage pour ensuite lâcher des animaux habitués, de fait, à l’humain, – et même, selon l’expression consacrée, qui lui« mangent dans la main » –, juste quelques jours, voire quelques heures avant le début de la saison de chasse. Le savoir, c’est bien, le prouver encore et encore, c’est mieux.

Une enquête inédite et inattendue de L214 Éthique et Animaux, menée avec le concours du naturaliste Pierre Rigaux et dévoilée le 24 septembre dernier, qui sort de leur « cadre » d’investigation habituel, en l’occurrence les abattoirs. L’association élargit ainsi son champ d’information et touche une sensibilité différente… ou identique.

Allez, je balance tout de suite, pour déjà me sentir mieux. La société, m’apprend Sébastien Arsac, cofondateur de L214 et porte-parole de l’association, dans un mail du 22 septembre, c’est « Gibovendée, leader européen dans le domaine des élevages de gibiers pour la chasse ». Siège social en Vendée, à Chambretaud, mais l’élevage qui nous intéresse se situe à Missé, dans les Deux-Sèvres. Les animaux concernés ici ne sont pas des sangliers, dont la reproduction est également couramment pratiquée, mais 14 millions de faisans et 5 millions de perdrix par an, vendus à des sociétés ou à des fédérations de chasse. Des œufs peuvent également être envoyés à d’autres élevages afin d’être couvés, et même des poussins, « un peu partout dans le monde ». Merci, La Poste ?



Gibovendée prétend compter 300 000 reproducteurs, détenus, montre L214, dans des conditions épouvantables. Ce sont « des milliers de cages alignées sur des centaines de mètres. […] Le sol est grillagé, les cages sont exiguës, les oiseaux cherchent à s’enfuir et se cognent au plafond. Dans ces conditions de promiscuité, ils ont tous un appareillage sur le bec (anneau ou couvre-bec) pour éviter les agressions entre eux, ce qui arrive fréquemment dans ces conditions de promiscuité », explique Sébastien. « L’élevage est essentiel aujourd’hui pour la chasse française. C’est le côté face de la “régulation” vantée par les chasseurs : quand il y a trop d’animaux, il faut les réguler, quand il n’y en a pas assez, on en remet… pour pouvoir les réguler ! », ajoute Pierre Rigaux.

Un tiers du chiffre d’affaires de Gibovendée est effectué au Royaume-Uni. Contrairement à la plupart des compagnies maritimes, Eurotunnel est la seule à accepter de transporter ces animaux destinés à être tués. Avec L214, demandons-lui de cesser de se rendre complice de cette tuerie organisée (vidéo).
Luce Lapin

Photos L214 Éthique et Animaux