Matricule « FR 496 872 »
« Truc dingue ! », m’écrit Sébastien Arsac, cofondateur et directeur des enquêtes de L214 Éthique & Animaux, ou quand l’ancien prof des écoles se lâche sur le français.
En effet, quelques heures après la dernière vidéo de l’association, diffusée jeudi 27 octobre et présentée par Isabelle Adjani, Carrefour, Monoprix, Auchan, Grand Frais et Système U – sous les marques Grandjean, Le Chevrier des Crays, Chevenet – ont suspendu leurs approvisionnements, voire ont carrément retiré les produits de leurs rayons. Et jusqu’au restaurant Paul Bocuse, qui a décidé de mettre fin à sa collaboration avec Chenevet, « dont les pratiques révélées ne correspondent pas aux valeurs de la Maison ».
Tout ça pour du frometon !
La veille de la diffusion des images, L214 a déposé plainte « pour mauvais traitement et pour pratiques commerciales trompeuses » auprès du tribunal de Mâcon.
De quoi s’agit-il ? D’un élevage intensif de chèvres, celui de l’entreprise Chenevet, premier producteur européen de fromages de chèvre fermier, sis à Saint-Maurice-de-Satonnay (Saône-et-Loire). Au nom d’un fromage sous appellation d’origine protégée2 (AOP), et de l’éternel profit, des chevreaux agonisent par dizaines, sans soins, puis laissés morts parmi les autres, des chèvres, entassées par milliers, reçoivent coups et décharges électriques, afin de les presser de se rendre à la traite… Toute cette cruauté pour produire 4 millions de fromages par an (vidéo et pétition sur l214.com/enquetes/2022/adjani-chevres-chevenet).
Les chevreaux, considérés comme des produits, n’ont pas de nom : ils portent un numéro. Pour moi, « FR 496 872 » représente tous ces condamnés. Terrible symbolique.
Luce Lapin
Photo « piquée » à L214