Un carrosse pour l’abolition

Un carrosse pour l’abolition

La proposition de loi n° 329, enregistrée le 11 octobre 2022 à l’Assemblée nationale (577 députés), sous la XVIe législature, est intitulée « Abolir la corrida : un petit pas pour l’animal, un grand pas pour l’Humanité ».

Cette proposition, « Le onzième alinéa de l’article 521-1 du code pénal est supprimé », avait été déposée le 3 septembre par Aymeric Caron, journaliste, écrivain, fondateur de la Révolution écologique pour le vivant (REV), député de La France insoumise-Nupes – Paris, 18e circonscription. Il suffit donc « juste » de supprimer un alinéa. Passez-moi une baguette magique…

Jeudi 24 novembre, journée d’initiative parlementaire, la « niche » de LFI-Nupes contiendra quatre propositions de loi : création d’une enquête parlementaire sur les « informations relatives aux “Uber Files” (lcp.fr/actualites/uber-salaires-IVG-lfi-niche-parlementaire-novembre-2022), augmentation du smic, entrée de l’IVG dans la Constitution et, en dernier, la PPL Caron, qui devrait être débattue au sein de l’Hémicycle. Conditionnel…

Le danger, c’est que le temps manque, car les procorrida feront traîner les débats. À minuit, quoi qu’il arrive, ce sera clos : le beau carrosse de la PPL redeviendra citrouille. Les députés Renaissance ont certainement subi des pressions – ça se dit… – de la part du gouvernement, qui a, toute honte bue, appelé à voter contre, dont Olivier Véran. Le garde des Sceaux et ministre de la Justice, l’aficionado Éric Dupont-Moretti, est très remonté contre l’abolition, soutenu par Gabriel Attal – son père l’emmenait voir des corridas (« C l’hebdo », France 5, 19/11), l’excuse… Et jusqu’à Emmanuel Macron, un président de la République qui se permet de mépriser les 80 % de Français qui souhaitent la fin de ce « spectacle » de souffrance et de mort. Élu et réélu pour faire barrage à Marine Le Pen, je le rappelle.

Un gouvernement insensible

Il était « celui qui ne “lâchait rien1” ». Impossible de ne pas penser à Jean-Pierre Garrigues, décédé ce même mois – ô coïncidence ! – dans la nuit du 18 au 19 novembre 2017. Président du Crac Europe pour la protection de l’enfance, il se battait contre les écoles taurines, où l’on apprend à des jeunes que torturer et tuer des taureaux, c’est les aimer.

Mercredi 16 novembre, la commission des lois de l’AN a voté contre le seul article de la PPL – « Le onzième alinéa… » —, sans que cela empêche le vote du 24. Quel qu’en soit le résultat, voici un document précieux : une corrida filmée, le 24 septembre, à Brocas, dans les Landes, et diffusée – merci ! – par L214. Le massacre de six taureaux, « dans les règles » : celles de la corrida. Comment oser défendre ça ?

Jeudi 24 novembre : PPL Caron, le coup de théâtre ! Il y en avait plus de 800, déposés par le RN, LR, les macronistes… C’était « trop d’amendements d’obstruction », a déclaré Aymeric Caron, qui a retiré lui-même le texte de sa proposition de loi pour l’abolition de la corrida. Raison : le temps aurait manqué pour le débat. Il « compte déposer une nouvelle proposition de loi “transpartisane” »  (LCP).
Luce Lapin

Photo CRAC Europe